Couvre-feu sur l’ensemble du territoire tunisien

 Couvre-feu sur l’ensemble du territoire tunisien

Dans l’entretien qu’il a accordé dimanche à la TV nationale, le numéro 1 de l’exécutif Hichem Mechichi a démenti la présence de nouvelles tensions avec la présidence de la République

Le nombre de cas confirmés positifs Covid-19 en Tunisie s’élève désormais depuis le commencement de la pandémie à environ 43 mille cas sur un total de 304 mille dépistages réalisés. Selon une politique des étapes, à compter d’aujourd’hui mardi 20 octobre c’est tout le pays qui est dorénavant mis sous couvre-feu nocturne, sur instruction du chef du gouvernement Hichem Mechichi.  

 

Au moment où les autorités se félicitent d’avoir devancé certains pays occidentaux dont la France en matière d’application de cette mesure dans les grandes métropoles, le bilan des 17 et 18 octobre courant a semble-t-il contribué à précipiter la décision gouvernementale de généralisation du couvre-feu sur toute la Tunisie.

Ainsi ce sont 2.185 personnes qui ont été confirmées comme étant porteuses du virus, et ce sur les 5.689 tests effectués lors de ces 48 heures. 978 cas sont en outre pris en charge dans les hôpitaux dont 173 admis en soins intensifs et 103 personnes sont placées sous respirateur. On recense à cette heure 687 décès (+61 décès) des suites de la pandémie.

C’est dans ce contexte que le chef du gouvernement a demandé à tous les gouverneurs d’instaurer un couvre-feu à partir de mardi 20 octobre 2020, indique un communiqué. Une phase qui succède donc à celle où la mesure était jusqu’ici laissée à leur discrétion. La décision fait suite à une réunion de Mechichi hier lundi au Palais de la Kasbah avec le ministre de l’Intérieur et des hauts responsables sécuritaires.

 

Détérioration des perspectives économiques

« On nous reprend d’une main ce que l’on nous donne de l’autre ! », nous confie un entrepreneur incrédule, contraint de fermer le café dans lequel il venait d’investir en 2019. Paradoxalement, malgré l’autorisation de rouvrir en journée depuis hier 19 octobre, tout en respectant l’impératif d’une capacité d’accueil réduite, la situation du secteur financière de la restauration et des cafés ne redécolle pas.

Car dans les villes non concernées par le couvre-feu jusqu’ici, le couvre-feu à 20h00 ou 21h00 se traduit par une fermeture à 18h00 ou 19h00, soit « un arrêt de mort » pour ces PME non autorisées à travailler pendant leurs heures de pointe nocturne pour une période indéterminée qui pourrait excéder les deux semaines.

L’économie tunisienne devrait connaître un ralentissement de 9,2% en 2020, ce qui représente une baisse par rapport aux premières prévisions de -4 %, en lien avec la pandémie de Covid-19, a indiqué la Banque mondiale dans un rapport publié toujours hier lundi.

« La pauvreté et la vulnérabilité devraient augmenter et inverser la tendance à la réduction rapide de la pauvreté observée ces dernières années », explique le même rapport. Ainsi le pourcentage de la population susceptible de basculer dans la pauvreté devrait, ainsi, croître en 2020 et ne pourrait commencer à diminuer qu’à partir de 2021, estime encore la Banque : de 16,6 à 22 % de la population totale.

Autant de facteurs qui accroissent la vulnérabilité liée à la dette dans la mesure où elle devrait passer de 72,2 % du PIB en 2019 à un pic de 86,6 % du PIB en 2020. Un chiffre nettement supérieur à l’indice de référence du fardeau de la dette des marchés émergents, généralement établi à 70 % du PIB. Seule éclaircie au tableau : la croissance s’établirait autour de 6% en 2021 puis de 2% en 2022, si toutefois les effets de la pandémie venaient à s’estomper.

Seif Soudani