Dans la Libye post-Kadhafi, le jeu vidéo sort de l’ombre

 Dans la Libye post-Kadhafi, le jeu vidéo sort de l’ombre

Un joueur s’apprête à lancer une partie d’un des jeux populaires du moment. (Illustration)

Dans une salle de jeux vidéo ultramoderne près de Tripoli, des adolescents et de jeunes adultes s’immergent dans des parcours en réalité virtuelle. Petit à petit la communauté libyenne de « gamers » gagne en assurance après des décennies de restrictions et de conflits.

Les salles de jeux vidéo ne sont pas légion en Libye. Contrairement à d’autres pays arabes, la Libye a connu un long isolement des joueurs en raison de plus de 40 ans de dictature de Mouammar Kadhafi et des affrontements qui ont suivi sa mort pendant la révolution de 2011. Pendant ce temps, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis ou encore en Égypte, les jeux vidéo ont pris une place importante dans la culture populaire. Les investissements dans l’industrie du jeu vidéo y sont florissants. À l’échelle mondiale, le chiffre d’affaires de l’industrie du jeu vidéo représente 175 milliards de dollars. À comparer aux 100 milliards que génère le cinéma.

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Cependant, malgré cet isolement et le manque d’investissements en Libye, des passionnés ont commencé à s’organiser en communauté et à ouvrir des salles de jeux vidéo modernes dans les grandes villes comme Tripoli et Benghazi. Les salles, équipées de matériel haut de gamme et organisant des tournois réguliers, ont créé une dynamique nouvelle autour du jeu vidéo en Libye.

 

Un levier de socialisation dans une société fracturée

Selon Sofiane Mattouss, qui supervise une salle de jeux vidéo qui a ouvert en 2022, cette dynamique contribue à bâtir très rapidement un nouveau monde du jeu vidéo. La communauté de joueurs de plus en plus organisée « motive les joueurs et pousse d’autres jeunes sans expérience à s’entraîner, à choisir cette vocation », a-t-il souligné, prédisant « un développement important dans un avenir proche ».

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Malgré certaines voix critiques, Sofiane Mattouss est convaincu que les jeux vidéo ne détruisent pas la jeunesse libyenne, contrairement à la dictature et au chaos. Au contraire, ils permettent aux jeunes de se retrouver et de s’organiser. Une activité plus enrichissante que de traîner dehors à ne rien faire. Cette dynamique autour de la jeunesse et des industries modernes est donc « une bonne chose, même pour le développement du pays », a observé Karim Ziani, un étudiant de 20 ans. Le jeune homme espère voir le secteur des jeux vidéo grandir encore « pour le bien de la jeunesse et de la société ».

Rached Cherif