Depuis Riyad, le président Saïed appelle à l’instauration d’un « monde nouveau »

 Depuis Riyad, le président Saïed appelle à l’instauration d’un « monde nouveau »

« Il est grand temps d’instaurer un nouveau monde centré sur le développement et la paix », « un monde nouveau, sans barricades, sans murs et sans axes versatiles », a martelé le président tunisien Kais Saïed en marge du premier sommet sino-arabe pour la coopération et le développement.

 

Lors d’une allocution prononcée, vendredi, à ce sommet qui se tient à la capitale saoudienne, Riyad, le président de la République a multiplié ce qui s’apparente à des formules altermondialistes : « Il ne peut y avoir de développement sans paix, ni de paix sans développement équitable », a-t-il également insisté, rappelant à cet égard « le long périple des guerres et d’injustice endurées par l’Humanité ».

 

Utopies, aphorismes et phrases sibyllines

« Halte aux murs et murailles ! », a aussi déclamé le chef de l’Etat, appelant à œuvrer de concert en vue d’instaurer « un nouvel édifice où il n’y a plus de place aux axes, aux barricades et aux murailles ». D’autres formulations restent néanmoins plus énigmatiques, telles que : « le temps presse, et la notion du temps n’est plus la même depuis la chute du mur de Berlin », sorte d’anachronisme remontant aux années 80 qui n’a pas échappé à l’ironie des réseaux sociaux, habitués aux leçons d’Histoire et des projets de Kais Saïed pour l’Humanité.

« Nos pays n’ont pas causé ni le trou de la couche d’ozone, ni la vache folle, ni le réchauffement climatique, ni même l’extinction des oiseaux », a-t-il surenchéri dans le même registre mi tiers-mondiste mi souverainiste, un dédouanement des fléaux sanitaires peut-être malvenu en présence de la Chine…

Saïed poursuit : « il nous faut aborder la prochaine étape pour l’Humanité selon de nouveaux concepts à même d’aboutir à un développement effectif et concret, qui sortirait les peuples de la précarité ». Quels sont donc ces concepts novateurs ? En Tunisie, nul ne le sait vraiment, si ce n’est le projet présidentiel de création d’entreprises coopératives s’apparentant à une forme de collectivisme tel que pensé dans les années 1970.

Sur le plan national, le président Saïed a par ailleurs cette semaine supervisé la prestation de serment de la Commission chargée d’acter son grand projet de réconciliation pénale. Un processus où l’argent mal acquis (plus de 13 milliards de dinars selon lui) d’hommes affaires corrompus servirait à l’aménagement des régions les plus sinistrées de façon pyramidale : le plus riche des corrompus amnistiés étant censé investir dans la plus démunies des régions, et inversement. « Une chimère égalitaire niaise et angéliste », selon l’opposition.

Un internaute tunisien commente : « J’ai visionné ce discours, le discours du chef du gouvernement marocain et celui d’al Sissi. Il y a des années-lumière entre son discours et les discours des autres. Lui, il parle d’utopie et ne sait qu’accuser les autres pour le réchauffement climatique, pour la maladie des vaches, pour le trou d’ozone, et le Marocain Akhannouch parle business, du concret, des touristes chinois pour le Maroc. Al Sissi cherche un soutien pour l’affaire de l’eau et son conflit avec l’Éthiopie. Tous ont parlé de leurs relations mutuelles avec la Chine sauf Saïed. Il aurait pu dire on a un déficit énorme avec vous, on veut le rebalancer, quels sont vos engagements pour importer de la Tunisie et pour nous envoyer des touristes bien sûr diplomatiquement comme le fait Akhinouch mais notre dieu à nous vit sur une autre planète, il veut résoudre les problèmes de l’inégalité dans le monde ».

Le président Saïed a cela dit salué les efforts consentis par le président chinois Xi Jinping en vue de booster les relations sino-arabes, appelant à « paver à nouveau la route de soie, à baliser des chemins et à lancer des ponts solides permettant de changer la donne dans les pays arabes. »

 

Déclaration d’intention de la Chine

Dans son discours devant les participants au sommet, le président chinois a quant à lui réitéré le soutien de Pékin aux efforts de développement dans les pays arabes sur la base d’« avantages mutuels et de bénéfices communs ».

Il a ainsi évoqué la mise en place de pas moins de 17 mécanismes de coopération dans le cadre du Forum de coopération sino-arabe, tout en se félicitant du volume des échanges commerciaux entre la Chine et les pays arabes qui vient d’atteindre les 300 milliards de dollars.

Plus tôt dans la journée du 9 décembre, Riyad a accueilli le sommet sino-saoudien et celui entre la Chine et les pays du Golfe, ayant réuni le président chinois avec des responsables du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG).

Le sommet Chine-Pays du Golfe a abouti à l’adoption d’une déclaration dans laquelle les dirigeants des États du CCG et la Chine conviennent de renforcer leur partenariat stratégique. L’évènement a abouti à l’adoption d’un plan d’action commun pour la période 2023-2027.

Seif Soudani