Expo Dubaï 2020 : L’exploit du pavillon marocain en terre de 37 mètres

 Expo Dubaï 2020 : L’exploit du pavillon marocain en terre de 37 mètres

Le pavillon en terre de 37 mètres de haut (Crédit photo Archmosphères / Oualalou+Choi)

Proche de celui du pays hôte, le pavillon marocain risque de faire parler de lui durant l’expo Dubaï 2020, l’exposition universelle repoussée pour cause de Covid-19. Avec une hauteur de 37 mètres et une superficie de 6000 mètres carrés dont 3500 en intérieur, 22 espaces, 10 jardins suspendus, un patio accessible à tous et connecté au reste de l’espace public, ce monument va être conservé après l’événement. Prouesse architectural : le pavillon est le plus grand bâtiment au monde construit en terre ! Une prouesse que l’on doit à l’architecte franco-marocain, Tarik Oualalou qui a accepté de répondre à nos questions.

 

Le Courrier de l’Atlas : Qu’apporte le Maroc d’un point de vue architectural dans une exposition  universelle comme l’Expo Dubaï 2020 ?

Tarik Oualalou : Le Maroc a toujours participé aux expositions universelles. Nous nous sommes demandés ce qu’on pouvait apporter à celle-ci. Nous voulions considérer que le Maroc a toujours eu au coeur de sa culture, une tradition d’innovation. On a voulu montrer que le Royaume continue d’être un grand théâtre d’inventions. D’un point de vue architectural, on a travaillé sur un terrain expérimental en travaillant la matérialité de la terre. Celle-ci est historique au Maroc. Elle se développe aussi dans le monde entier comme une alternative au béton. On a poussé très loin l’idée d’un bâtiment contemporain en terre. On a mis en place un brevet particulier pour construire le plus haut bâtiment en terre jamais réalisé. La terre a des limites liées à la sismicité mais nous avons réussi à monter à 37 mètres de haut.

Le Courrier de l’Atlas : Quelle expérience va vivre le visiteur de l’Expo Dubaï 2020 dans le bâtiment ?

Tarik Oualalou : Nous voulions que les visiteurs comprennent que le Maroc est un lieu où l’humanité peut se réinventer dans ce XXIème siècle dans un nouveau rapport à la nature, au climat et à l’intériorité. Comme pour la COP22, le Royaume peut proposer une manière d’être et de voir différemment.

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LCDA : le but était d’être le point de jonction entre le Nord, le Sud, l’Ouest et l’Est.

Tarik Oualalou : Absolument. De nombreux pays ont des modèles arrêtés alors que l’on sait que l’on doit changer notre manière de gérer le sol et de dialoguer avec la nature. Le Maroc peut proposer l’alternative au changement. C’était le sens que nous voulions donner avec ce pavillon. Les études débutent en Septembre 2018. Nous venons de le livrer avec une organisation  entre Rabat, Paris et Dubaï pour y arriver. C’est une expérimentation mais aussi une nouvelle vision de rapport au monde.

pavillon Maroc Expo Dubaï 2020 Tarik Oualalou
Le patio du pavillon (crédit photo Archmosphères/ Oualalou+Choi)

LCDA : Quelles seront les ambiances que l’on retrouvera au sein du pavillon marocain ? Va t’on uniquement retrouver l’Atlas et ses univers de terre ?

Tarik Oualalou : Non, ce n’est pas juste l’ambiance Marrakech que l’on va retrouver. L’idée est de dire que ce bâtiment est une multitude d’univers différents à l’image du Maroc qui est plurielle dans sa composition géographique, ethnique et culturelle. Les 22 volumes sont reliés par une ruelle qui passe à l’intérieur du bâtiment. Il s’agit d’un fragment de la médina marocaine. De cette rampe, on va pouvoir rentrer dans des points de vue différents, de Tanger à Lagouira, en passant par Berkane, Ifrane ou Ouarzazate. Le visiteur de l’Expo Dubaï 2020 va découvrir la complexité et la diversité de la culture marocaine. Les thèmes mis en avant seront l’art contemporain, l’émancipation des femmes, l’environnement,…

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Pavillon Maroc Expo Dubaï 2020 Tarik Oualalou
Crédit photo Archmosphères/ Oualalou+Choi

LCDA : Le Maroc s’est ancré dans une politique volontariste de prise en compte de l’environnement. Avez-vous tenu compte de cette question lors de la construction du bâtiment ?

Tarik Oualalou : Nous avons voulu un pavillon qui soit à l’inverse de l’expérience que l’on peut vivre aux Emirats. Habituellement, on est soit à l’extérieur où il fait très chaud, soit dans un intérieur climatisé. Le bâtiment est en lui-même une machine climatique. Quand il fait 40 degrés dehors, il fait 12 degrés de moins dans le patio. La terre et la ventilation permettent d’avoir un lieu rafraichi. Pareil pour les salles qui dispose aussi de cette différence de températures. On est allé très loin dans les performances environnementales. Dans le pavillon et son patio, on incite à une expérience corporelle extraordinaire qui permet aux visiteurs de visiter un village et non un simple bâtiment.

 

Yassir Guelzim

Yassir GUELZIM

Journaliste Print et web au Courrier de l'Atlas depuis 2017. Réalisateur de documentaires pour France 5.