Coup d’arrêt américain : la faim menace des dizaines de millions de personnes

Des Palestiniens font la queue pour un repas chaud dans une cuisine du PAM, le 26 avril 2025, au camp de Nuseirat, à Gaza. L’agence onusienne a annoncé avoir livré ses derniers stocks, les cuisines devraient être à court de nourriture dans les jours à venir. (Photo : Eyad BABA / AFP)
La faim menace des millions de personnes après une baisse massive des financements américains. Le Programme alimentaire mondial (PAM) alerte sur le risque de suppression de l’aide vitale dans plusieurs pays, dont la Palestine, la Syrie, l’Afghanistan et le Yémen.
C’était une crainte depuis l’annonce, par les États-Unis, de coupes drastiques dans leur soutien à l’aide alimentaire d’urgence. Le PAM confirme désormais ses difficultés à maintenir ses programmes dans plusieurs zones critiques.
« 58 millions de personnes risquent de perdre l’assistance alimentaire vitale (…) si de nouveaux financements ne sont pas reçus d’urgence », alertait, le 28 avril, l’agence onusienne. En 2025, son budget accuse déjà une baisse de 40 % par rapport à l’année dernière.
Début avril, l’administration Trump a notifié la fin de son financement dans huit pays, dont l’Afghanistan et le Yémen. Plus largement, Washington a supprimé 83 % des programmes de l’agence de développement américaine USAID, qui gérait jusqu’ici 42,8 milliards de dollars par an — soit près de la moitié de l’aide humanitaire mondiale.
Des choix difficiles
Face à cette situation, le PAM est contraint de hiérarchiser ses actions.
« Le PAM donne la priorité aux pays ayant les besoins les plus urgents, en maximisant les rations alimentaires dans les zones les plus touchées (…) nous sommes confrontés à une baisse vertigineuse de financement aux conséquences désastreuses », a déclaré Rania Dagash-Kamara, directrice exécutive adjointe de l’agence.
Depuis deux ans, les financements du PAM s’effritent, alors que le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire explose. Conflits, instabilité économique, catastrophes climatiques : le tableau est sombre.
Selon l’organisation, 343 millions de personnes sont aujourd’hui gravement menacées. En 2025, 123 millions d’entre elles devraient bénéficier d’un soutien du PAM — à condition que les moyens suivent.
Palestine, Syrie : les urgences s’accumulent
Ces coupes budgétaires ont déjà des conséquences concrètes. À Gaza et en Cisjordanie, 2 millions de personnes dépendent entièrement de l’aide alimentaire pour échapper à la faim. Pour en soutenir 1,4 million dans les six prochains mois, le PAM a besoin de 265 millions de dollars.
En Syrie, le constat est tout aussi alarmant : chaque mois, nourrir 1,2 million de personnes coûte 140 millions de dollars. Sans nouvel apport, un million de bénéficiaires risquent de ne plus recevoir d’aide dès le mois d’août.
>> A lire aussi : Dans « Permis de tuer. Gaza, génocide, négationnisme et Hasbara », Boniface dénonce l’indignation sélective