Fermeture du gazoduc Maghreb-Europe : l’Algérie va à contre-sens de l’histoire

 Fermeture du gazoduc Maghreb-Europe : l’Algérie va à contre-sens de l’histoire

Tous les pays du monde ont adopté des politiques d’intégration dans des blocs régionaux en dépit de problèmes ou de différends entre un pays et ses voisins. La logique qui prime étant l’intérêt du pays et de sa population. En fermant le gazoduc Maghreb-Europe, qui passe par le Maroc, les décideurs politiques algériens vont à contre-sens de l’histoire.

Vivre seul et progresser dans le monde d’aujourd’hui est une utopie. La mondialisation et l’interdépendance imposent des approches d’intégration économique pour créer plus de valeur à ses citoyens. En dépit des problèmes, avérés ou pas, entre l’Algérie et le Maroc, l’intérêt général de l’Algérie et des populations de la grande région nord-sud méditerranéenne impose le maintien en fonctionnement d’un actif économique qui alimente de manière optimale l’Europe en gaz naturel. 

Ce gazoduc Maghreb-Europe, géré par la Sonatrach, transportait l’équivalent de 10 milliards de mètres cube de gaz naturel vers l’Espagne et le Portugal en traversant le Maroc. C’est une réalisation emblématique consacrant l’intégration maghrébine et la coopération Sud-Sud-Nord. Une telle décision pose deux problèmes majeurs : un surcoût pour le consommateur européen et un aléa sur la continuité d’approvisionnement étant donné que le gazoduc marin dispose d’une capacité inférieure au gazoduc terrestre. 

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Dans un communiqué de l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) et l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE), les deux entités marocaines ont précisé qu’ « en égard à la nature du voisinage du Maroc et en prévision de cette décision, les dispositions nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’alimentation du pays en électricité ». 

Parallèlement, le gouvernement marocain a entrepris l’étude « d’autres options alternatives durables, à moyen et long terme ». Les Marocains appliquent l’un de leurs proverbes populaires : « Celui qui a une seule porte, que Dieu la lui ferme sur lui ». Il faut espérer que pour la prospérité du Maghreb, les dirigeants politiques transcendent les problèmes existants pour sauvegarder les acquis encore maigres, dans l’intégration de cette région du monde.

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Malika El Kettani