Fin de la trêve hivernale : 30 000 ménages menacés

 Fin de la trêve hivernale : 30 000 ménages menacés

Trêve hivernale – Photo d’un paillasson géant placé par des militants de la Fondation Abbé Pierre devant le ministère de la cohésion territoriale et des relations avec les collectivités territoriales à Paris pour protester contre l’expulsion des familles à la fin de la trêve hivernale. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP / Mars 2019

La fin de la trêve hivernale des expulsions locatives ne sera pas repoussée une nouvelle fois. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont menacées.

 

Fin de la trêve

Le gouvernement a décidé de ne pas repousser, une nouvelle fois, la fin de la trêve hivernale fixée au 31 mai. La conséquence risque d’être lourde en cette période de crise sanitaire. A cette date, selon les associations d’aide aux personnes mal-logées, ce sont près de 30 000 ménages, soit environ 60 000 personnes, qui seront menacées d’expulsion.

« Le 1er juin, c’est aussi la remise à la rue de dizaines de milliers de sans-abris hébergé-e-s dans des foyers ou des hôtels pendant l’hiver (…) C’est également les coupures d’énergie, souvent à distance, pour celles et ceux qui ne peuvent plus payer leur facture » s’inquiète l’association Droit au logement (DAL). Des craintes anticipées par le gouvernement qui prévoit d’accompagner la fin de la trêve hivernale, notamment en maintenant 200 000 places d’hébergement jusqu’au printemps 2022.

>> Lire aussi : Fin de la trêve hivernale : le risque d’une catastrophe sociale

Relogement

Le 26 avril dernier, dans une instruction pour « préparer la sortie de trêve hivernale », le gouvernement s’engageait notamment à ce que la procédure d’expulsion soit « assortie d’une proposition d’un autre logement du ménage, ou à défaut d’une proposition d’hébergement le temps qu’une solution plus pérenne soit trouvée ».

La Fondation Abbé Pierre réclame le relogement digne et pérenne de tous les ménages en fin de procédure et le non-recours aux solutions d’hébergement citées dans l’instruction. « La condition de relogement doit être strictement appliquée, et en aucun cas dépendre des capacités de chaque territoire comme cela est mentionné dans l’instruction », rappelle la fondation.

Aides insuffisantes ?

« Il ne peut y avoir d’année blanche en termes d’expulsions, pour ne pas léser les propriétaires, notamment les petits propriétaires qui comptent souvent sur la perception de leur loyer pour vivre » estimait la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, sur France Inter (21 mai).

Pour la Fondation Abbé Pierre, l’indemnisation des propriétaires est effectivement une des conditions centrales pour la politique de relogement et éviter les expulsions. « L’abondement à hauteur de 20 millions d’euros du fonds d’indemnisation des bailleurs reste très inférieur aux besoins que la fondation estime, au même titre que le rapport du député Démoulin, à 80 millions d’euros » déplore malgré tout la fondation.

Ce week-end (30 mai), une grande manifestation contre les expulsions, les remises à la rue et le logement cher aura lieu à Paris.

 

Charly Célinain