« Hijab Day » à Science Po : succès médiatique, mais réactions très partagées

 « Hijab Day » à Science Po : succès médiatique, mais réactions très partagées

L’appel aux étudiantes à porter un foulard pour une journée au sein de la prestigieuse école a suscité de nombreuses réactions


En plein débat sur le sujet du voile, notamment dans les universités, des étudiants musulmans de Sciences Po Paris organisent ce mercredi « une journée de sensibilisation sur la question du port du foulard ». Si l’appel à « se couvrir les cheveux d’un voile le temps d’une journée » a été suivi par certains de leurs camarades, il suscite aussi de nombreuses réactions dans cette institution et au-delà.


 


« Mieux comprendre l’expérience de la stigmatisation »


Des foulards étaient disposés sur un stand à l’entrée de l’école mercredi matin pour permettre aux étudiants qui le souhaitent de participer à cette initiative imaginée pour sensibiliser à la question du foulard. L’action survient en pleine polémique sur le port du voile, question sur laquelle de nombreux politiques se sont exprimés ces derniers jours, provoquant parfois de violentes polémiques. Et ce, dès le lancement de l’initiative puisque la page Facebook de l’événement a été la cible de signalements et de nombreux messages haineux selon les organisateurs.


Selon eux, le but est pourtant simplement de « mieux comprendre l’expérience de la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France » tout en démystifiant ce bout de tissu. Il s’agit aussi de « montrer que nous disposons de nos corps comme nous l’entendons et n’admettons pas l’idée d’un diktat quant à la façon dont nous choisissons de nous présenter ». D’ailleurs, l'association féministe de Sciences Po Politiqu'elles a annoncé qu’elle soutenait le « Hijab Day » parce qu’il donne « la parole à celles dont on parle tout le temps et qui ne sont jamais écoutées ».


 


Droite et extrême droite à l’unisson


Si l’opération de communication est une réussite, les réactions sont très mitigées. Certaines sont même hostiles, en particulier à droite et à l’extrême droite. À l’unisson, les étudiants de l’école affiliés au groupe Front national et au mouvement soutenant Nicolas Sarkozy ont dénoncé cette initiative, perçue comme une « provocation ».


Le député LR des Alpes-Maritimes Éric Ciotti s’est indigné mercredi sur iTélé : « Cette manifestation est scandaleuse, j'ai demandé son interdiction. Sciences-Po c'est pour la France le symbole de la modernité, des idées, de l'universalité du message de la France, et on voudrait promouvoir dans cette école le port du voile, qui est une soumission de la femme? » « Bientôt des “Charia Days” dans toute la France ? », s’est interrogé le sénateur FN des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier tandis que le numéro 2 du mouvement d’extrême droite, Nicolas Bay, se demande : « et demain, “Burqa Day” ? ».


Fin mars, les propos de la ministre de la Famille, Laurence Rossignol, qui a comparé les femmes voilées aux « nègres qui étaient pour l'esclavage », lui ont provoqué une vague d’indignation. Elle a été suivie de peu par le premier ministre Manuel Valls, qui a fait part de son souhait d’interdire le port du voile dans les universités, avant d’être recadré par le Président de la République lui-même.


Rached Cherif

Rached Cherif