Le Conseil de l’Europe dénonce les évacuations forcées de Roms et le climat d’antitsiganisme

 Le Conseil de l’Europe dénonce les évacuations forcées de Roms et le climat d’antitsiganisme

Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe pointe l’atteinte aux droits des personnes déplacées de force. Kenzo Tribouillard/AFP


Le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe s'inquiète des évacuations forcées de Roms, non assorties de solutions de relogement, et du « climat d'antitsiganisme » qui règnerait en France, dans un courrier adressé au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Dans cette lettre, Nils Muižnieks déplore que sur les 111 évacuations forcées de Roms effectuées en 2015 en France, seules 29 aient donné lieu à des propositions de relogement.


 


7 gouvernements européens épinglés pour leur « antitsiganisme »


Il constate que ces évacuations forcées « interrompent les parcours scolaires des enfants Roms, compromettent le suivi médical et fragilisent le maintien dans l'emploi ». Le commissaire fait également part de son inquiétude devant « le climat d'antitsiganisme dans lequel ces opérations sont menées ». Outre la France, M. Muižnieks a adressé des courriers similaires à six autres gouvernements européens : l'Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, l'Italie, la Serbie et la Suède.


Dans sa réponse, Bernard Cazeneuve souligne que ces expulsions « visent à faire respecter le droit de propriété, mais aussi à protéger les occupants de risques liés à leur santé, à leur sécurité, ou à d'autres périls que peut engendrer l'économie de la misère ».


 


Des solutions de court terme


Tout en reconnaissant que dans des « situations d'urgence », les solutions proposées peuvent « relever davantage du court terme », il rappelle que la circulaire qui définit le cadre de ces expulsions prévoit qu'« un diagnostic précède chaque évacuation ».


Le ministre de l'Intérieur précise également que, lors de l'évacuation début février d'un important campement de Roms installé dans le nord de Paris, « 170 hébergements ont été proposés et seuls 80 ont été acceptés ».


 


11 000 évacuations forcées en 2015


Deux jours après l'évacuation de ce bidonville parisien qui avait compté jusqu'à 400 occupants, une centaine de Roms qui s'était installée sur un terrain militaire à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) avait à nouveau été expulsée.


Selon un rapport de la Ligue des droits de l'Homme et de l'European Roma Rights Center, plus de 11 000 Roms ont été évacués de leurs campements en France en 2015.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Mohamed C.