50 morts dans le bombardement probablement russe d’écoles et d’hôpitaux

 50 morts dans le bombardement probablement russe d’écoles et d’hôpitaux

La situation se dégrade rapidement à Alep et dans d’autres villes où les combats redoublent d’intensité malgré les promesses d’une prochaine trêve (illustration).


L'espoir d'une trêve s’éloigne en Syrie où cinquante personnes, dont des enfants, ont été tuées lundi par des missiles tirés sur des hôpitaux et des écoles, l'ONU dénonçant des « violations flagrantes du droit international ». Sur le terrain, la situation se complique avec l’ingérence croissante des Russes et des Turcs, défendant chacun des factions opposées.


 


Cinq hôpitaux et plusieurs écoles visés par des bombardements


Ces bombardements contre des objectifs civils, l'escalade verbale entre la Turquie et la Russie, toutes deux impliquées militairement sur le terrain, ainsi que l'avancée des Kurdes dans le nord où le régime syrien est aussi à l'offensive augurent mal d'une trêve décidée par les grandes puissances et qui doit théoriquement entrer en vigueur à la fin de cette semaine.


Lundi, un hôpital soutenu par Médecins sans frontières (MSF) dans le nord-ouest du pays, à Maaret al-Noomane, à 280 km au nord de Damas, a été pris pour cible par des frappes aériennes qui ont tué au moins sept personnes tandis que huit membres du personnel étaient portés disparus, selon l'ONG. « Il s’agit d’une attaque délibérée » qui « prive d’accès aux soins les quelque 40 000 personnes vivant dans cette zone de conflit ouvert », a dénoncé à l'AFP Massimiliano Rebaudengo, le chef de mission de MSF pour la Syrie. L'Unicef a indiqué que quatre hôpitaux, dont deux soutenus par l'organisation, avaient été frappés. Deux écoles dans la ville d'Azaz (nord) ont aussi été bombardées et six enfants y sont morts.


Les frappes étaient vraisemblablement russes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays en guerre. L’aviation russe intervient massivement en Syrie depuis l’automne 2015. Sous couvert de lutter contre l’État islamique, la Russie apporte en réalité un soutien aérien aux offensives de l’armée de Damas, principalement contre la rébellion syrienne rassemblant à la fois des factions laïcs et des groupes islamistes qui combattent également Daech.


 


L’affrontement russo-turc sur le sol syrien


Les États-Unis ont dénoncé ces bombardements fustigeant une nouvelle fois la « brutalité » du régime du président syrien Bachar al-Assad et son allié russe. Washington a par ailleurs exhorté lundi la Russie et la Turquie à éviter toute escalade au moment où le ton devient de plus en plus acerbe entre Moscou et Ankara, témoignant de l'internationalisation du conflit syrien.


Moscou a dénoncé les « actions agressives » de la Turquie en Syrie qui s'apparentent, selon elle, à un « soutien non voilé au terrorisme international ». Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a répliqué en accusant la Russie de se comporter « comme une organisation terroriste » en Syrie où elle mène, au même titre que les jihadistes du groupe État islamique (EI) des « attaques barbares contre la population civile ». Si elle continue, « nous lui opposerons une riposte extrêmement résolue », a-t-il averti.


L'armée turque a pilonné, pour le troisième jour consécutif, des positions des forces kurdes de Syrie à proximité de la frontière syro-turque dans la province septentrionale d'Alep. L'implication turque embarrasse les Occidentaux, qui sont à la fois alliés de la Turquie au sein de l'OTAN, et des Kurdes, qu'ils considèrent comme la force la plus capable de lutter contre l'EI.


Malgré ces tirs, les Kurdes continuent à progresser depuis l'ouest de la province après avoir conquis plusieurs localités aux mains de groupes insurgés. Dans cette bataille, les Kurdes ne se sont alignés ni sur le régime ni avec les rebelles : leur objectif est de relier les zones qu'ils contrôlent dans le nord de la Syrie afin de créer une région autonome unifiée, à l'image de leurs frères irakiens. Selon l'OSDH, ils contrôlent les trois quarts des 800 km de frontière. Pour le géographe Fabrice Balanche, les Kurdes détiennent 26 000 km2, soit 14 % de la Syrie contre 9 % en 2012.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif