Hervé Gourdel : le principal accusé condamné à mort

 Hervé Gourdel : le principal accusé condamné à mort

Un convoi de police, accompagnant l’ambulance qui a amené le 4 février 2021 Abdelmalek Hamzaoui, l’un des djihadistes accusés du meurtre d’Hervé Gourdel, quitte le tribunal algérien Dar Al-Baida dans la capitale Alger, après le report de l’audience dans l’affaire du guide de montagne français décapité il y a près de six ans en Algérie. RYAD KRAMDI / AFP

Un tribunal d’Alger a condamné jeudi soir à la peine de mort Abdelmalek Hamzaoui, le principal accusé jugé pour l’assassinat du Français Hervé Gourdel. Le guide de haute montagne avait été enlevé et décapité par des jihadistes en Algérie en 2014. Sept hommes jugés par contumace ont été condamnés à la peine capitale.

 

Le tribunal a donc suivi les réquisitions du parquet. Le principal accusé jugé pour l’assassinat du Français Hervé Gourdel, a été condamné à mort, jeudi 18 février, à Alger. Le parquet avait requis la peine capitale pour Abdelmalek Hamzaoui, un des ravisseurs présumés de M. Gourdel. L’Algérie applique cependant un moratoire sur la peine de mort depuis 1993.

Les cinq accompagnateurs du guide français et un sixième prévenu, poursuivis pour ne pas avoir informé à temps les autorités du rapt, ont été acquittés, selon un journaliste de l’AFP présent au tribunal.

Françoise Grandclaude, la compagne d’Hervé Gourdel, a également assisté au procès. « Maintenant, je peux tourner la page. Je peux faire mon deuil », a-t-elle déclaré à la sortie du tribunal. Son avocat, Me Chawki Benarbia, a indiqué être « satisfait et content pour la famille ».

« Faire plaisir aux Français »

Interrogé par la présidente du tribunal, M. Hamzaoui, 36 ans, a nié avoir participé à l’enlèvement et à l’assassinat. Il a affirmé qu’on l’accusait pour « boucler ce dossier et faire plaisir aux Français ». « Je retiens qu’il y a beaucoup d’incohérences dans les propos de l’accusé principal », a réagi Mme Grandclaude.

Arrivé en ambulance, M. Hamzaoui a suivi l’audience dans un fauteuil roulant. Une équipe médicale l’accompagnait, ainsi que des forces spéciales de la gendarmerie.

Les avocats des accompagnateurs de M. Gourdel ont demandé leur acquittement. Ils estimaient qu’ils étaient avant tout des victimes de kidnapping. Ajoutant qu’ils avaient informé la première caserne militaire, située à 12 kilomètres du lieu de l’enlèvement, dès qu’ils avaient pu prendre leur voiture.

Devant le tribunal, les cinq hommes ont raconté leur séparation d’avec leur ami Hervé par le chef du groupe Jund al-Khilafa, Abdelmalek Gouri. Celui-ci leur a ordonné de s’enfermer dans la voiture et de ne quitter les lieux qu’après le lever du soleil. Le parquet avait requis trois ans de prison ferme et une amende de 100 000 dinars (620 euros) à l’encontre des six prévenus.

Assassinat revendiqué par l’État islamique

Au total, la justice algérienne a poursuivi 14 personnes dans cette affaire. Huit djihadistes présumés – dont sept jugés par contumace – pour son rapt et sa décapitation et six autres pour non-dénonciation de crime. Le tribunal a également condamné à mort les sept hommes jugés par contumace.

Hamzaoui, membre présumé de Jund al-Khilafa (« Les Soldats du califat ») – groupe affilié à l’organisation État islamique (EI) ayant revendiqué l’assassinat – avait été capturé après le drame. Au cours des débats, quatre des accompagnateurs ont formellement reconnu M. Hamzaoui comme étant l’un des ravisseurs. « Je me souviens du dernier regard d’Hervé, alors qu’ils l’emmenaient de force. Nous avons essayé de les arrêter, mais ils nous ont repoussés en disant : “Il ne vous importe pas, il n’est pas musulman” », a témoigné Hamza Boukamoum.

Il s’était rendu en Algérie à l’invitation de ses hôtes et accompagnateurs, pour explorer un nouveau site d’escalade dans le massif touristique du Djurdjura, mais il avait été kidnappé le 21 septembre. Jund al-Khilafa avait menacé de l’exécuter si la France ne renonçait pas à ses frappes contre l’EI en Irak. La vidéo de sa décapitation diffusée trois jours plus tard avait provoqué un énorme choc en France et en Algérie.

 

Rached Cherif