HPI/HPE : Donia Abidat libère les hauts potentiels

 HPI/HPE : Donia Abidat libère les hauts potentiels

archives personnelles de Donia Abidat

Sur TF1, Audrey Fleurot a popularisé les « HPI », hauts potentiels intellectuels.  Pouvant aussi être émotionnel (HPE), le haut potentiel va nécessiter d’être compris et aider pour donner 100% de ses capacités. Passée par la banque et la formation, la coach Donia Abidat, elle-même HPE, nous offre quelques clés pour comprendre ces personnes singulières.

« Surdoués », « zèbres », »hypersensibles »,.. Des mêmes mots pour désigner des personnes aux « hauts potentiels » intellectuels (HPI) ou émotionnels (HPE).  Mal compris par la société, les HPI impressionnent par leur capacité de raisonnement, leur rapidité d’apprentissage ou leur intérêt pour des sujets variés. De leur côté, les HPE ont une gamme d’émotions ressenties plus variées et plus intenses que la moyenne. « La notion de haut potentiel est une caractéristique, nous explique Donia Abidat. Il existe des possibilités d’être diagnostiqué avec des tests faits par un neuro-psychologue. On les évalue à 2,8% de la population française. »

Souvent créatifs, ils peuvent jouer avec les mots, les chiffres ou les matières. Ils possèdent aussi une capacité à être dans l’empathie ou à chercher des solutions pour des situations difficiles à gérer émotionnellement. Toutefois, attention de ne pas croire que les HPI ou HPE sont meilleurs que les autres. « Un HPI peut rater l’école quand il s’ennuie ou n’est pas passionné. Les hauts potentiels peuvent aussi être isolés. Ils se sentent souvent en décalage avec la société car ils pensent vite et différemment. On constate aussi de troubles de la concentration ou des cerveaux en arborescence. Le lien commun est un besoin d’apprendre, de comprendre et d’approfondir. Les hauts potentiels ont une curiosité permanente !  »

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Une personne singulière

Si Donia Abidat comprend si bien les hauts potentiels, c’est qu’elle est HPE. Née en 1986 à Lens dans les Hauts-de-France, la jeune fille sent très vite qu’elle est différente. « On me disait que j’étais très singulière, que mon cerveau allait trop vite et que l’on avait du mal à me suivre. Je ne l’ai jamais vécu comme un handicap. J’ai toujours cherché à comprendre car tout a toujours eu un sens pour moi. »

Entourée de ses 3 soeurs, d’un père à la banque postale et d’une mère aide-soignante, la petite Donia apprend très vite le sens des mots : solidarité et partage. Elle va ainsi en permanence, avoir cette volonté d’être présente dans le caritatif. En 2023, elle obtient la médaille d’or des services bénévoles et celle de bronze du dévouement de la part d’associations nationales. « Ma mère, qui était aide-soignante en gériatrie, nous emmenait souvent avec elle, même quand elle ne travaillait pas. Elle voulait que l’on comprenne les contraintes de son métier mais aussi la situation humaine des personnes âgées. Elle nous a transmis ce coté humaniste et l’importance de l’entraide. Depuis, je ne supporte pas l’injustice. Aider les gens est une seconde nature pour moi !  »

Gérante de grands comptes à 22 ans

« Amoureuse de la philosophie et des belles lettres« , elle rejoint la capitale à l’âge de 19 ans et s’inscrit à la Sorbonne, elle commence un job étudiant à la banque LCL. Ce passage dans la « jungle parisienne » lui offre la possibilité d’acquérir son indépendance et de devenir comme le voulait sa mère, « cette femme  ch’tie et algérienne de Tlemcen qui peut se débrouiller seule. » Après des études en alternance, elle se voit proposer un poste au Crédit du Nord. Elle gère alors des portefeuilles de clients importants, de chefs d’entreprises, de médias, etc.. à seulement 22 ans. « Au départ, on me prenait souvent pour la personne de l’accueil (rires). J’ai du montrer ma légitimité. Mon empathie et mon intelligence émotionnelle m’ont beaucoup aidé car j’ai accompagné des clients pendant une dizaine d’années. »

Alors qu’elle gravit les échelons au sein de la banque, un DRH capte chez elle son goût pour la transmission. Elle retrouve alors son goût pour son rêve d’adolescence en donnant des cours au sein d’une école privée. En perpétuel mouvement, elle s’implique aussi en politique à Sèvres où elle ira jusqu’à se présenter pour la mairie. Les coups bas et l’incapacité de la société de comprendre son dynamisme et ambition, auront raison momentanément de son envie de faire bouger les choses. « Je suis polychrone et touche-à-tout. J’ai pu être freinée dans ma vie mais j’ai de la résilience et l’abnégation nécessaire pour me battre. Etre femme, d’origine maghrébine et HPE peut faire peur. J’ai du affronter des personnes malveillantes. Mais même dans l’échec, je sais qu’il y a toujours un chemin pour y arriver. La vie est un combat où il faut rester droit dans ses bottes. »

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Comment gérer l’intelligence émotionnelle ?

Avec un spécialiste de neurosciences, elle entame peu avant la Covid-19, des séances de coaching pour les hauts potentiels. Une démarche qui s’adresse autant aux dirigeants d’entreprises, aux cadres qu’aux particuliers. « J’ai voulu travailler avec eux car l’intelligence émotionnelle est très présente dans ces séances. Je les comprends. Nos sens sont en permanence titillés. On est un peu comme un profileur et on cerne vite la communication verbale et non verbale. En tant que HPE, ça pétille dans nos têtes. »

Après des tests pointilleux qui permettent d’assimiler les talents et performances des clients, Donia Abidat personnalise ses formations en fonction des besoins des hauts potentiels qu’elle croise. « Les tests permettent juste de savoir comment on peut faire évoluer le potentiel. Le psychologue va travailler sur des questionnements du passé alors que le coach va intervenir dans le présent pour vous emmener vers le futur. On leur apprend à « libérer » leur potentiel. Une émotion mal gérée peut avoir des conséquences sur nos vies, nos corps ou notre manière d’interagir en société. Il suffit de le voir quand on est angoissée. Pour les HPI/HPE, il leur faut des fois des moments où ils doivent couper, méditer ou ne rien faire. Il n’y a pas de formule magique. On est dans l’accompagnement pour qu’ils s’adaptent au mieux et puissent atteindre une vie épanouissante et performante. »

Toujours à l’écoute, Donia Abidat espère bien conjuguer ses multiples talents pour le plus grand nombre. Et si la liste de ses futurs apprentissages (philosophie antique, métaphysique, aromathérapie, etc..) ne cesse de s’allonger, elle n’en est pas effrayée pour autant. En tant que HPE, elle sait que son envie d’en savoir plus sera toujours plus forte qu’elle.

Yassir Guelzim

Yassir GUELZIM

Journaliste Print et web au Courrier de l'Atlas depuis 2017. Réalisateur de documentaires pour France 5.