La Cour constitutionnelle albanaise examine les recours contre le plan de migration avec l’Italie

 La Cour constitutionnelle albanaise examine les recours contre le plan de migration avec l’Italie

Législatives Italie, le 26/09/2022. Giorgia Meloni la leader de Fratelli d’Italia. La coalition de ce parti avec la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia, le parti conservateur de Silvio Berlusconi, a recueilli 43% des voix. Andreas SOLARO / AFP

La Cour constitutionnelle albanaise entame une audience jeudi sur les recours déposés contre le « plan migration » entre l’Albanie et l’Italie. Celui-ci prévoit le transfert des migrants secourus en mer vers l’Albanie et venant majoritairement des côtes tunisiennes et libyennes. Trente députés du Parti démocratique et le parti lui-même contestent cet accord.

L’accord signé le 6 novembre 2023 entre les Premiers ministres italien, Giorgia Meloni, et albanais, Edi Rama, prévoit la création de deux centres d’accueil gérés par l’Italie en Albanie. Ils pourraient recevoir jusqu’à 39 000 demandeurs d’asile par an. L’audience devant la Cour constitutionnelle fait suite aux recours déposés par une trentaine de députés du Parti démocratique et par le parti lui-même.

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L’accord prévoit d’établir ces centres dans la ville côtière albanaise de Shengjin et sur l’ancien aéroport de Gjader. L’Italie prévoit d’y envoyer les migrants après leur sauvetage en Méditerranée, à l’exception des mineurs, femmes enceintes, et personnes vulnérables. Rome a annoncé assumer l’ensemble des coûts de l’opération : infrastructures, frais de santé, et départ des migrants à la fin de la procédure d’asile pour un budget total d’environ 200 millions d’euros.

 

Contestation en Albanie

Le projet suscite des réactions mitigées à Tirana. Certains estiment qu’il réduit le pays à une « république bananière », cédant des fragments de territoire national. L’opposition dénonce l’absence de l’accord présidentiel pour une opération qui accorderait la gestion d’une partie du territoire albanais à l’Italie.

Des experts estiment par ailleurs le projet viole la Convention européenne des droits de l’Homme en limitant la liberté de mouvement des migrants à l’intérieur des centres.

 

Un enjeu politique majeur pour Giorgia Meloni

Pour Giorgia Meloni, la Première ministre italienne, ce projet répond à des promesses électorales visant un contrôle strict de l’immigration irrégulière. Son électorat exige des résultats, et ce projet envoie un message fort à sa base électorale à quelques mois des élections européennes de juin.

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Certains estiment que l’Albanie peut recevoir un soutien italien plus fort pour ses aspirations européennes en échange de son rôle dans cet accord. Cependant, si ratifié, l’accord pourrait avoir un impact limité en raison des capacités d’accueil restreintes des centres albanais. La Cour constitutionnelle albanaise rendra sa décision avant le 6 mars.

Rached Cherif