Tunisie. Une association dénonce les arrestations arbitraires d’étudiants subsahariens

 Tunisie. Une association dénonce les arrestations arbitraires d’étudiants subsahariens

Selon l’AESAT, environ 300 jeunes subsahariens auraient été arrêtés en Tunisie, souvent brutalisés, et détenus plusieurs heures sans motifs apparents

Les représentants des étudiants et stagiaires africains en Tunisie s’insurgent contre ce qu’ils perçoivent comme une vague d’arrestations xénophobes. Selon leur recensement, environ 300 jeunes subsahariens auraient ainsi été arrêtés, souvent brutalisés, et détenus plusieurs heures sans motifs apparents.

« Depuis décembre, 300 étudiants et stagiaires subsahariens ont subi ces maltraitances », tempête Christian Kwongang Yoleu, le président de l’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (AESAT). Il ajoute que le recensement de toutes les arrestations est toujours en cours, étant donné la réticence de certains à dénoncer les exactions de la police.

« Même quand ils sont en règle et présentent leur carte de séjour », les policiers emmènent de force les personnes qu’ils contrôlent. Au commissariat « ils subissent un traitement humiliant avec une attente de plusieurs heures dans le froid sans connaître les motifs », dénonce un communiqué de l’AESAT.

Les témoignages indiquent presque tous le même mode opératoire. La police attend généralement les étudiants devant leurs écoles. Mais aussi à domicile dans certains des cas, selon l’association. Y compris les étudiants « en règle parfois invités par les autorités tunisiennes », tels que les boursiers. Au menu de leur interpellation, prise d’empreinte et d’ADN, ainsi que photographie « avec une pancarte comme les criminels dans les films ». Ils ressortent du commissariat après « quatre à huit heures. Une fois qu’ils ont signé un document en arabe qu’ils ne comprennent pas », explique M. Kwongang Yoleu.

 

« Notre couleur de peau nous différencie des autres étrangers »

Le président de l’association confirme qu’aucun n’a pu passer un appel téléphonique ou contacter un avocat comme le stipule pourtant la loi tunisienne. Un traitement dégradant « juste parce que notre couleur de peau nous différencie des autres étrangers en Tunisie », s’interroge l’AESAT.

L’association dénonce « avec la dernière énergie de tels actes xénophobes dont la police tunisienne s’amuse à infliger » les étudiants subsahariens. Elle réclame « également des explications aux autorités compétentes ». Son président annonce qu’il est en discussion avec les ONG nationales et internationales partenaires pour s’accorder sur la suite à donner.

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La communauté subsaharienne fait depuis longtemps l’objet de vagues ponctuelles de contrôles d’identité, parfois musclées. Cette attitude hostile, à laquelle s’ajoutent le racisme encore largement présent dans la société tunisienne et un parcours administratif compliqué ont déjà fortement dégradé l’image de la Tunisie en tant que pays de destination pour les études auprès de l’Afrique francophone.

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Par ailleurs, les personnes en situation irrégulière se retrouvaient alors le plus souvent en centre de rétention pour une durée indéterminée. Les autorités tunisiennes ont également régulièrement recours à des opérations d’expulsion sauvage. Elles déposent alors les personnes en question à la frontière libyenne ou algérienne sans moyen de communication en leur interdisant de revenir en arrière.

Rached Cherif