Israël annule les visas d’une délégation d’élus de gauche

Alexis Corbière et François Ruffin figurent parmi les membres de la délégation à qui les visas ont été refusés. © Alain Jocard / AFP
À deux jours de leur départ pour Israël et les territoires palestiniens, une délégation d’élus de gauche français – parmi lesquels les députés François Ruffin, Alexis Corbière, Julie Ozenne, Soumya Bourouaha et la sénatrice Marianne Margaté – a vu ses visas d’entrée annulés par les autorités israéliennes. Une décision inattendue, que les parlementaires dénoncent comme une « punition collective ». Le groupe demande à être reçu par Emmanuel Macron.
Alors que la France envisage sérieusement de reconnaître l’État palestinien en juin prochain, cette mesure restrictive de la part d’Israël pourrait ne pas être totalement déconnectée du contexte diplomatique.
Emmanuel Macron a récemment déclaré que la France « pourrait reconnaître un État palestinien », à l’occasion d’une conférence qu’elle coprésidera avec l’Arabie saoudite à New York.
Dans un communiqué signé par 17 des 27 élus concernés, la délégation explique :
« Invité·es par le Consulat français à Jérusalem, nos missions depuis 35 ans permettent de renforcer les coopérations internationales et la culture de la paix. Pour la première fois, à deux jours de notre départ, les autorités israéliennes ont annulé nos visas d’entrée alors qu’ils avaient été approuvés il y a un mois. »
Les élus demandent une réponse claire de l’Élysée face à ce qu’ils perçoivent comme un affront diplomatique :
« Nous voulons comprendre ce qui a poussé à cette subite décision qui fait penser à une punition collective. (…) Cette révocation de nos autorisations d’entrer en Israël à 48 h de notre départ est une rupture majeure des liens diplomatiques à l’égard de l’État français et de nos mandats d’élu·es de la République, qui nécessite une prise de position sans équivoque des plus hautes autorités de notre État. »
Ils soulignent également leur soutien de longue date à la reconnaissance de la Palestine par la France :
« Depuis des décennies, nous appelons de nos vœux et revendiquons que la France reconnaisse l’État palestinien. La France s’apprête à passer enfin le pas de cette reconnaissance. C’est un acte courageux, qui rendrait hommage à son histoire et à notre vision de la démocratie, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. »
Face à ce qu’ils considèrent comme une entrave inacceptable, les parlementaires réclament un engagement du chef de l’État :
« Empêcher délibérément des élu·es et parlementaires ne peut rester sans conséquences. Nous demandons que cette situation soit clarifiée, que notre délégation soit reçue par le président de la République et qu’il mette tout en œuvre auprès des autorités israéliennes pour nous autoriser un nouveau déplacement dans les meilleurs délais. »
Une conférence de presse est prévue ce mardi à Paris pour revenir sur les faits.
Ce n’est pas la première fois qu’Israël interdit l’entrée de son territoire à des parlementaires de gauche. En novembre 2017, sept élus français, dont les députées Danièle Obono et Clémentine Autain, s’étaient déjà vu refuser leurs visas par les autorités israéliennes.
Le ministère de l’Intérieur israélien a confirmé l’annulation des visas, en s’appuyant sur une loi permettant d’interdire l’entrée du territoire à toute personne jugée susceptible d’agir contre les intérêts de l’État d’Israël.
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