Journée Mondiale des droits des femmes : un sondage sur la sexualité

 Journée Mondiale des droits des femmes : un sondage sur la sexualité

Photo : Sara Lorusso Instagram : @loruponyo

À l’occasion de la Journée Mondiale des droits des femmes, le laboratatoire français Terpan Prévention a réalisé un sondage sur la sexualité féminine, révélant son aspect encore tabou. Cette étude s’est basée sur un échantillon de plus de 1200 femmes de 18 à 25 ans, avec le soutien de la communauté les Nanas d’Paname. Les sondées ont répondu à des questions ayant trait à l’intimité, à l’orgasme, aux règles, et aux préventions entourant l’acte sexuel.

« Encore aujourd’hui, il règne un véritable tabou autour du corps des femmes, et l’intimité féminine n’est que trop rarement mise en valeur. Dans l’Art ? Alors que les statues ou les peintures d’hommes nus remplissent les musées, le sexe des femmes est habituellement caché. D’un point de vue éducatif ? Même l’école lui fait la tête au point que certains manuels scolaires n’en fassent même pas mention. Les réseaux sociaux ? Actuellement, les réseaux sociaux censurent régulièrement certains contenus car ils ne font pas de différence entre l’expression sexuelle et l’exploitation sexuelle malgré l’émergence de contenus d’éducation sexuelle,  contenus pour palier au cours que l’on aurait aimé avoir au lycée. Dans les médias ? Il faut attendre 1998 pour voir apparaître le premier sondage sur le clitoris », souligne le communiqué de presse du laboratoire Terpan, qui conçoit, fabrique et distribue des préservatifs masculins et est le distributeur exclusif de préservatifs féminins en France.

L’anatomie féminine, des informations grand public discrètes

Selon le sondage de Terpan Prévention, plus d’1 femme sur 3 n’ont jamais observé leur intimité : 35% d’entre elles déclarent n’avoir jamais vu leur clitoris, révélant être mal à l’aise avec l’aspect de leur sexe.

« La représentation que l’on se fait du sexe féminin passe surtout par les pornos », rappelle Kamal Yahiaoui, président de Terpan Prévention. « Il règne même encore aujourd’hui une sorte d’obscurantisme clitoridien. Alors que le corps masculin et son anatomie bénéficient d’une exposition assumée à travers le temps, le corps féminin et son intimité restent cachés », explique Kamal Yahiaoui, président de Terpan.

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14% des femmes ont eu un premier rapport non consenti

Sur les 1200 répondantes, 40% ont fait l’amour la première fois entre 16 et 17 ans, 22% entre 14 et 15 ans. L’étude révèle que pour 62% des jeunes filles interrogées, l’envie les a poussé à avoir un 1er rapport sexuel mais 13% d’entre elles par la contrainte ou la menace. Et elles sont plus de 14% à répondre que leur premier rapport n’était pas consenti.

« L’éducation sexuelle auprès des filles et ce, dès le plus jeune âge, est essentielle. Il existe aujourd’hui des manuels, des livres et histoires pour chaque âge sur lesquels devraient s’appuyer conjointement l’école et les parents. Et surtout s’appuyer sur des fondamentaux dans la sexualité comme le respect, l’intimité, le consentement et la découverte », souligne Kamal Yahaoui.

La parole des femmes de plus en plus libérée

Heureusement, la parole des femmes sur le sexe est désormais libérée, se réjouit Terpan. Plus de 87% des filles interrogées parlent ouvertement de sexe à leur partenaire et 88% confirment que ce dernier est à l’écoute de leurs besoins sexuels. Il y a une cinquantaine d’années encore, il n’était pas si facile de parler ouvertement de sa sexualité souligne le laboratoire.

À nuancer toutefois car plus de 13% des femmes interrogées n’échangent toujours pas sexualité avec leur partenaire actuel. Pour 45% d’entre elles, leurs partenaires ne prendraient pas en compte leurs besoins sexuels parce qu’ils estiment tout simplement connaitre parfaitement leurs besoins sans les connaitre, ou encore 37% parce que leurs partenaires ne se posent même pas la question.

La masturbation, de moins en moins taboue

Le sondage de Terpan révèle que 89% des femmes interrogées se masturbent. Ainsi, en l’espace de 50 ans, la proportion de femmes déclarant s’être livrées à la masturbation a donc été multipliée par plus de quatre.

Cette généralisation de l’auto-érotisme apparaît intrinsèquement liée à un accès plus large des Françaises à des supports d’excitation sexuelle comme les films pornographiques : 87% des sondées ont vu un porno et elles sont plus de 36% à affirmer que cela a eu une influence sur leur sexualité.

Attention tout de même : 12% d’entre elles ont vu leur premier porno alors qu’elles avaient moins de 12 ans, voire en-dessous de 10 ans.

Concernant les règles, elles sont 31% à s’abstenir de toute relation sexuelle durant leur menstruation.

Une contraception féminine négligée

Terpan constate que l’homme est le plus souvent à l’initiative de la sortie du préservatif et serait donc le détenteur du pouvoir contraceptif lors des relations sexuelles. Alors qu’elles sont plus de 90% des interrogées à connaitre l’existence du préservatif féminin, 86% confient ne jamais l’avoir testé.

« Le préservatif féminin doit donner aux femmes des moyens de contrôle et de liberté, souligne Kamal Yahiaoui. La parité et l’égalité doivent s’exprimer à terme dans tous les pans de notre société, jusque dans l’intimité ».

Par ailleurs, 43% des femmes sondées révèlent ne pas utiliser de gels intimes après leur rapport. 31% des répondantes confirment ne pas être informées ou sensibilisées sur les questions des IST/MST et 33% ne pas être informées et sensibilisées sur les moyens de protection et de contraception.

Pourtant les chiffres confirment une recrudescence des IST, c’est notamment le cas de la syphilis. Elles sont d’ailleurs plus de 40% à ne pas avoir été vaccinée contre le papillomavirus humain.

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Malika El Kettani