La nature fait germer les idées

 La nature fait germer les idées

Crédit photo : Alexandra Frankewitz/Transit


L’art contemporain éclot également au Maroc. L’une de ses boutures les plus fécondes est l’Atelier de l’Observatoire, non loin de Casablanca. Un espace consacré à l’art et à la recherche, qui se distingue par son dynamisme.


Niché à 32 km de Casablanca, dans la campagne de Bouskoura, l’Atelier de l’Observatoire est une structure atypique dédiée à l’art et à la recherche. Pépinière de jeunes talents, lieu d’expression et de (re)créations, l’endroit offre, depuis cinq ans, une bouffée d’air aux artistes marocains émergents. Avec un credo : investir l’espace public – la rue, des jardins (le fameux parc Yasmina) ou des quartiers populaires – et permettre à la population de découvrir, voire de s’approprier, des projets citoyens. Les créateurs de l’Atelier travaillent et produisent des œuvres tous formats, en milieu rural. A Bouskoura, ils ont à disposition une résidence, une serre et un jardin potager. La nature pour faire germer les idées et féconder les esprits.


 


La rencontre de deux projets


A la tête de l’association, un couple à la ville comme à la scène : Mohamed Fariji, artiste, et Léa Morin, chercheuse française installée au Maroc, connue pour avoir dirigé la Cinémathèque de Tanger. “Fraîchement rentré d’Espagne, Mohamed voulait créer un espace pour des artistes émergents. Quant à moi, je souhaitais monter des projets autour de récits marginalisés, ceux de quartiers isolés ou du patrimoine urbain, artistique et cinématographique. L’Atelier de l’Observatoire est né en 2012 de la rencontre de nos deux projets, explique Léa Morin. Le manque de lien social dans l’espace public nous a interpellés. Nos initiatives visent à ce que les individus se mobilisent pour se l’approprier et se fabriquer une mémoire collective alternative”, ajoute-t-elle. Remarquablement conçu, l’Atelier de l’Observatoire s’articule autour de plusieurs projets, comme Greenhouse en 2016, ou la Ruche, par exemple, qui est le lieu de travail et d’encadrement des créateurs (souvent des artistes de l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan). “Nous les accompagnons dans les recherches de financement et de diffusion, c’est important”, éclaire Léa Morin.


 


La Serre, L’Aquarium… fécondent les esprits


La Serre, elle, est un projet itinérant. Une sorte de structure mobile, qui présente, pendant dix ou vingt jours, expositions, ateliers participatifs, photos… Tout est fait pour favoriser l’émergence de nouvelles idées et attiser la curiosité des habitants du quartier. “Nous avons beaucoup de passages. Les gens rencontrent les chercheurs ou les artistes présents, posent des questions…”, se félicite Léa Morin.


Autre projet innovant : l’Aquarium, qui propose une intéressante réflexion sur la réactivation de la mémoire. Visites, ateliers et conférences sont organisés dans ce bâtiment inscrit au patrimoine historique mais fermé dans les années 1980. Mohamed Fariji fait ainsi revivre son histoire et nourrit le secret désir de le voir renaître.


Dans le prolongement de ce projet, le Musée collectif collecte toutes sortes d’objets et documents (photos, films, archives données par la ville…) sur le point de disparaître, et “retrace une histoire de ce qui aurait pu ne plus être”. Enfin, Madrasa propose une inédite formation de commissaire d’exposition et de curateur. Au carrefour de la créativité artistique et de la mémoire retrouvée, l’Atelier de l’Observatoire comble un manque et répond à des attentes cruciales. Presque une mission d’utilité publique. 


MAGAZINE OCTOBRE 2017

Abdeslam Kadiri