L’acteur Rabah Naït Oufella retrouve son « daron » Laurent Cantet dans « Arthur Rambo »

 L’acteur Rabah Naït Oufella retrouve son « daron » Laurent Cantet dans « Arthur Rambo »

L’acteur Rabah Naït Oufella posant lors d’une séance photos « Arthur Rambo », lors du 69e Festival du film de San Sebastian, au Kursaal le 19 septembre 2021, à San Sebastian en Espagne. Carlos Alvarez / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP

Arrivé en 2007 par hasard dans un métier qui en fait rêver tant, Rabah Naït Oufella, acteur français de 29 ans, n’en finit pas de « grimper ». Révélé dans « Entre les murs » de Laurent Cantet, film qui a obtenu la Palme d’or à Cannes en 2008, Rabah Naït Oufella se retrouve de nouveau à être dirigé par le même cinéaste, près de quinze ans plus tard après sa première expérience avec lui.

Dans « Arthur Rambo », qui sortira en salles le 2 février, Rabah joue de manière admirable le rôle de Karim, jeune écrivain à succès rattrapé par ses tweets haineux.  Un film qui s’inspire de « l’affaire Meklat ».

Pendant six ans, entre 2010 et 2016, sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps, Mehdi Meklat, jeune journaliste et écrivain, a publié 50 000 tweets, une vingtaine d’entre eux était homophobes, islamophobes, antisémites, négrophobes et sexistes. Des tweets qui ne reflétaient en aucun cas sa pensée, comme n’a cessé de le répéter Mehdi Meklat.

Rencontre avec Rabah Naït Oufella, acteur au triomphe modeste.

LCDL : « Arhtur Rambo », ce sont d’abord les retrouvailles avec Laurent Cantet…

Rabah Naït Oufella : Oui et c’est assez irréel. Il y a 15 ans, Laurent était venu faire un casting « sauvage » dans notre collège du 20e arrondissement de Paris. J’avais été choisi, je n’avais que 14 ans. Même si l’expérience m’intéressait, le tournage devait avoir lieu l’été, il fallait venir à l’école et on peut comprendre qu’à cet âge-là, je préférais plutôt partir en vacances ! J’ai finalement accepté…

Et vous avez bien fait, non ? 

Mille fois oui ! Sans cette première expérience, je ne serais jamais devenu acteur. A 14 ans, je ne me rêvais pas du tout en tant qu’acteur. Comme beaucoup de gamins issus des classes populaires, je ne connaissais personne dans le milieu du cinéma.

Vous attendiez-vous à aller à Cannes avec « Entre les murs » ?

Je ne savais même pas que ce film allait sortir au cinéma ! Je croyais que c’était juste un atelier !

Donc près de quinze après votre première expérience cinématographique avec Laurent Cantet, vous voilà de nouveau réunis…

On n’a jamais vraiment coupé les ponts nous deux. Depuis « Entre les murs », on se donne régulièrement des nouvelles. On habite pas loin l’un de l’autre, alors il nous arrive de prendre des cafés, mais on n’avait jamais eu l’occasion de retravailler ensemble. On se croise parfois dans des festivals, ou aux Césars, comme en 2017 où je suis nommé dans la catégorie « Révélations de l’année », lui était là pour présenter un film.

Quand on s’est retrouvé ensemble aux Césars, c’était une belle reconnaissance. J’ai senti dans son regard qu’il était fier de moi, mais je sais que sans lui, je ne serais jamais arrivé là : Laurent Cantet, c’est un peu mon daron dans le milieu.

Comment avez-vous obtenu le rôle d’« Arhtur Rambo » ? 

En 2017, je vois passer une annonce pour un casting, pour le nouveau film de Laurent Cantet. Comme il ne m’a pas appelé pour me proposer ce rôle, je me dis que c’est pas la peine d’essayer d’avoir un rendez-vous avec lui. Laurent me connait bien, si il avait voulu de moi, il m’aurait fait signe. Sauf que deux semaines plus tard, il m’appelle. Même là, je me dis qu’il m’a contacté par « correction » parce que je pense être un peu trop âgé pour ce rôle.

Je passe un essai, puis, un autre, puis des autres. Je suis rappelé encore. J’ai dû attendre trois mois avant d’être choisi. Laurent Cantet aime bien se « prendre la tête » sur le casting, il est très pointu. Il pense à chaque détail. Il veut être sûr. Même si l’histoire est belle entre nous deux, ce n’était pas acquis, il ne m’a pas donné ce rôle.

Ce nouveau rôle est-il votre plus gros challenge ?

Définitivement. Le rôle était compliqué à jouer. C’était intense, mais le plaisir est souvent dans la difficulté.

Est-ce que votre téléphone sonne plus qu’avant ?

Non, parce qu’à part vous, personne n’a mon numéro ! En ce moment, oui, le téléphone de mon agent sonne un peu plus, c’est vrai, mais la quantité de propositions n’est pas un gage de réussite…

Cela fait 13 ans que je suis acteur, il y a eu des moments plus durs, où le téléphone ne sonnait pas du tout, mais rien n’est acquis dans ce milieu. On t’encense aujourd’hui, puis on t’oublie le lendemain. J’espère juste que ce film montrera une autre facette de mon jeu. Pour moi, chaque film est une carte de visite.

 

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Nadir Dendoune