Ile-Saint-Denis / Législatives : Madioula Aïdara-Diaby défie Eric Coquerel

 Ile-Saint-Denis / Législatives : Madioula Aïdara-Diaby défie Eric Coquerel

Madioula Aïdara-Diaby à la cité Maurice Thorez de l’Ile-Saint-Denis où elle a grandi et où sa mère vit toujours. Crédit photo : Nadir Dendoune

Madioula Aïdara-Diaby est maire adjointe à L’Ile-Saint-Denis (93). Elle est candidate aux législatives dans la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis où le député sortant Eric Coqerel, investi par la Nupes et qui l’avait emporté in extremis en 2017, part cette fois-ci favori. Jeanne Dromard, elle, défendra les couleurs d’Ensemble, le groupe d’Emmanuel Macron. Sur le papier, Madioula Aïdara-Diaby semble avoir peu de chance de l’emporter. C’est aussi pour cette raison qu’elle y croit.

 

Beaucoup ont été surpris par votre candidature. Quand avez-vous pris votre décision ?

J’y pensais depuis plusieurs mois car j’ai été abordée de toutes parts. Ils ont été beaucoup à m’inciter à proposer ma candidature. Par courtoisie, j’ai d’abord annoncé ma décision au maire de ma ville (NDLR : Mohamed Gnabaly).

D’autant plus que le maire de L’Ile-Saint-Denis soutient officiellement Eric Coquerel, député sortant, membre de la France insoumise et l’un de vos principaux adversaires. Votre candidature pose-t-elle problème ?

Non, il n’y a aucun problème. Dans notre équipe municipale, chacun est libre de voter pour qui il veut. Nous sommes une liste citoyenne écologique et solidaire. Je n’ai jamais été membre d’un parti politique. Cela me permet de rester libre et indépendante. D’ailleurs, lors du lancement de ma campagne à Saint-Ouen-sur-Seine dimanche (NDLR : 22 mai), étaient présents plusieurs élus de la majorité municipale de L’Ile-Saint-Denis.

D’autres des élus de notre majorité soutiennent Éric Coquerel. Et tout le monde respecte le choix des autres. Les relations entre le Maire et moi sont au beau fixe. En apprenant que je me lançais dans l’aventure de la députation, il m’a félicitée et souhaité bon courage.

Vous êtes une femme de gauche. Pourquoi avoir choisi un suppléant comme Cyrille Plomb qui a été maire adjoint du précédent maire de droite William Delannoy ?

Effectivement, j’assume pleinement d’être une femme de gauche. Ce n‘est pas parce que Cyrille Plomb a été sur la liste de William Delannoy qu’il est de droite. Les choses sont plus nuancées. A l’époque, la liste de la majorité municipale conduite par William Delannoy était née de la fusion de deux listes, une de droite et l’autre de gauche, dont faisait partie Cyrille Plomb.

Je rappelle aussi que Cyrille Plomb – avec d’autres élus de la majorité – s’est opposé fermement à la politique de William Delannoy. En octobre 2019, en plein mandat donc, ils ont quitté la majorité municipale et rendu leurs délégations.

Même sans mandat, Cyrille Plomb a continué à œuvrer pour le bien être de sa ville. Avant d’être un politique, Cyrille Plomb est un entrepreneur. Il est originaire de Saint-Ouen, a été éducateur sportif au Red Star et a travaillé au service jeunesse de la ville dans les années 90. C’est un gars de St-Ouen !

Il était maire adjoint chargé au sport, à la jeunesse et aux vacances, et c’est pourquoi nous nous sommes rencontrés à de multiples reprises. Nous avons toujours travaillé ensemble en bonne intelligence. Par exemple, c’est en partie grâce à lui que les enfants de L’Ile-Saint Denis, privés de piscine pendant dix ans, ont pu de nouveau fouler les bassins de l’Ile-des-Vannes.

Qu’est-ce qui vous différencie d’Eric Coquerel, avec qui vous semblez partager pas mal de points communs ?

Je pense être plus légitime que M. Coquerel à représenter la population de la circonscription. Je suis née à Épinay-sur-Seine. J’ai été conseillère principale d’éducation (CPE) au lycée Jacques Feyder où j’ai gardé des relations avec les membres de la communauté éducative, mais surtout avec mes anciens élèves devenus adultes. J’ai grandi à la cité Maurice Thorez de L’Ile-Saint-Denis et je suis allée au lycée à Saint-Ouen. Je connais donc les trois villes de la circonscription par cœur.

On parle également souvent d’égalité hommes-femmes et de diversité sociale. Il faut les actes aujourd’hui. En tant que femme, noire, fille d’ouvrier et de femme de ménage, j’aimerais aussi que l’Assemblée nationale ressemble un peu plus à la France.

Mes parents sont un exemple pour moi. Mon père est arrivé dans les années 60, il a pris des cours du soir pour devenir chauffeur de taxi. Il a toujours travaillé dur. Il nous a transmis le dépassement de soi et la rigueur à travers le sport. Nous sommes une famille de sportifs (NDLR : deux de ses frères ont été champions du monde de boxe). Ma mère faisait le ménage à la cité Maurice Thorez où nous vivions. Les deux nous ont transmis de belles valeurs autour de l’effort, mais aussi du partage et de la solidarité.

En plus de mon mandat d’élue à L’Ile-Saint-Denis, je travaille depuis plusieurs années en tant que conseillère principale d’éducation dans un collège d’Aubervilliers.

Que comptez-vous défendre à l’Assemblée nationale si vous êtes élue ?

En Seine-Saint-Denis, les combats sont légion comme vous pouvez l’imaginer. Chacune, chacun, a le droit de vivre dignement dans nos quartiers avec des ascenseurs qui fonctionnent, dans des logements salubres.

J’aimerais également lutter contre toutes les formes de handicap. Par exemple, dans notre circonscription, il y a une pénurie de structures de santé pour accueillir les enfants malades. Comme il y a des listes d’attente pour les accueillir, ces enfants sont obligés de rester chez eux et leurs parents ne peuvent pas aller travailler. Et ça, c’est inadmissible !

Autre chose : comment expliquez-vous que toutes les personnes qui sacrifient leur vie pour les autres, comme les personnels soignants, sont peu valorisées ? Ils ont des petits salaires alors qu’ils mériteraient d’être payés comme les cadres ! La justice sociale c’est aussi ça !

Je me battrai également pour que l’écologie soit au centre des préoccupations. C’est un problème qui nous concerne tous. Il ne peut y avoir de justice sociale sans justice environnementale. Il suffit d’observer les conditions de vie des plus démunis socialement, comme il y en a beaucoup en Seine-Saint-Denis, pour se convaincre qu’ils subissent le plus durement les atteintes portées à l’environnement.

Et puis, on oublie trop souvent que l’écologie est un vecteur de création d’emploi. J’agirai pour que les emplois profitent aux habitantes et habitants de notre circonscription.

Vous vous présentez sans étiquette. Si vous êtes élue au Parlement, comptez-vous rejoindre un groupe ? Si oui, lequel et pourquoi ?

Tout ce que je sais, c’est que je rejoindrai les parlementaires de gauche à l’Assemblée nationale.  Je serai une élue qui se mobilisera pour défendre avec conviction les intérêts de ma circonscription et de la France.

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Nadir Dendoune