Les lectures de l’été dans les bulles des BD

 Les lectures de l’été dans les bulles des BD

Tanger sous la pluie

La bibliothèque de l’IMA propose de BD et albums graphiques cet été 2022. Une invitation au voyage à travers le monde arabe.

L’Institut du monde arabe propose un tour du monde arabe en bande dessinée. Maroc, Algérie Liban, Irak, Palestine. Les cases et les dessins abordent des questions graves, drôles, poétiques et historiques pour découvrir autrement cette région du monde. Des dessinateurs et dessinatrices traitent des thèmes d’actualité tragiques et comiques. Aucun sujet n’est tabou, tout y passe.

Tanger sous la pluie. BD parue en France en 2022. Scénario de Fabien Grolleau, Dessin de Abdel De Bruxelles. Le 29 janvier 1912, Henri Matisse se rend à Tanger avec sa femme pour changer d’air. Il vient de perdre son père, il est déprimé, il cherche un nouveau souffle. Le couple s’installe à l’hôtel de la Villa de France, un palace sur les hauteurs de Tanger. Malheureusement alors qu’il ambitionne de peindre la nature marocaine, il pleut sans cesse sur Tanger ; ce qui le contraint à peindre dans sa chambre 35 qui deviendra mythique pour l’histoire de l’art.

Comment réussir sa migration clandestine. De Salim Zerrouki, BD parue en 2021 en Tunisie. L’Algérien Salim Zerrouki utilise un humour cinglant, noir et dérangeant pour raconter ce que l’Europe appelle « crise migratoire » et considère comme une menace. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, près de 17 000 personnes sont mortes ou ont disparu en Méditerranée depuis 2014. En réalité, elles sont bien plus nombreuses. Parmi les migrants qui meurent chaque année dans le monde, près de trois sur quatre perdent la vie aux portes de l’Europe. Salim Zerrouki tente de réveiller l’humanité. Alors que l’Union européenne finance des garde-côtes libyens chargés de ramener les migrants dans les camps de détention, qu’elle empêche les ONG de secourir les embarcations en perdition en Méditerranée, Salim Zerrouki s’efforce – quitte à choquer – de nous faire prendre conscience de nos responsabilités. Comment réussir sa migration clandestine délivre des conseils essentiels pour survivre à la noyade, aux viols, à la torture, au vol d’organes. Neuf histoires indépendantes. Toute ressemblance avec des faits réels n’est pas fortuite.

Moh, palestinien mais presque. Scénario de Céline de Gemmis, Francois Bégnez. Nous sommes en Cisjordanie 1989. Mohamed, un jeune garçon de 13 ans, est arrêté dans une manifestation de rue, alors qu’il se trouvait là en simple curieux, en rentrant de l’école. Condamné à 8 mois d’emprisonnement, il comprend que sa vie a basculé et qu’il a, à ses dépens, cessé d’être un enfant. Durant son incarcération, il établit des liens entre ce qui lui tombe dessus et le quotidien des Palestiniens. Il se questionne sur les juifs, les musulmans, les Israéliens, les Arabes, le conflit, la colonisation. Il mûrit ses idées et idéaux. A sa sortie de prison, il s’engage dans une organisation marxiste-léniniste. Un engagement politique qui le ramènera à plusieurs reprises sous les verrous. Brisé et incapable d’apprécier le quotidien, Mohammed tente de se reconstruire en reprenant le chemin du lycée, sans pour autant abandonner ses activités politiques.

Les femmes portent toutes le même prénom

Couvre-feu sur Beyrouth La Guerre des autres, tome 2. Scénario : Bernard Boulad. Dessin, Paul Gaël Henry. Suite et fin d’une épopée familiale dans un Liban déchiré. Au pays des cèdres, la guerre s’installe à coups de règlements de compte, de cessez-le-feu et de reprise des hostilités. Les ordures ne sont plus ramassées, le magasin de meubles en face de l’immeuble est plastiqué. Et Serge qui fait son service dans le sud du pays, son régiment est-il concerné par les attaques israéliennes ? Les amis de la famille commencent à déserter. Finie la dolce Vita ! Tout cela n’empêche pas Yasmine de passer son bac, Kamel de préparer son nouveau film amateur ni Alex de tomber amoureux pour la première fois de sa vie. Question, peut-on vraiment envisager de rester dans un pays miné par les tensions interconfessionnelles, la présence des milices palestiniennes et les incursions de l’armée israélienne, quand on n’est d’aucun parti, si ce n’est celui de la douceur de vivre ?

Fatma au parapluie. Première partie. Scénario signé Soumaya Ouarezki. Dessin, Mahmoud Benamar. Langue d’origine : arabe. Texte traduit en français par Lotfi Nia. Alger, les années 40. Dans le quartier populaire de la Casbah, ragots et médisances règnent en maître. Au cœur des rumeurs, une femme mystérieuse et impertinente qui parle français et collectionne les parapluies. Au fil de ses déambulations, ce sont les histoires de plusieurs femmes du quartier que l’on découvre… celle de Fatma El Hocine, de Fatma N’Ramdan, de Fatma N’Ahmed… Car ici, les femmes portent toutes le même prénom.

La bibliothèque de l’IMA reste ouverte tout l’été, du mardi au samedi de 13h à 18h. Les BD et autres documents sont mis à disposition.

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Mishka Gharbi