LIVRES. “Ensemble, dans notre diversité, nous devons poursuivre le combat”, Georges Morin

 LIVRES. “Ensemble, dans notre diversité, nous devons poursuivre le combat”, Georges Morin

A l’Hôtel de ville de Paris, les visiteurs peuvent faire dédicacer les ouvrages par les nombreux auteurs présents chaque année. (Photo de fond : Boyan Topaloff / AFP)

Neuf ans après la création de l’association Coup de soleil, née en 1985, se tenait, en 1994, le premier Maghreb des livres. Ce salon littéraire fête cette année sa 30e édition. Georges Morin, l’un de ses fondateurs, retrace cette aventure.

>> Vidéos du Courrier de l’Atlas sur le Maghreb des livres : ici

LCDL : Votre événement célèbre ses 30 ans en juin, racontez-nous ses prémices… 

Coup de soleil a été lancée par une quinzaine d’amis vivant en France et originaires du Maghreb. Nous venions de pays différents (Algérie, Maroc et Tunisie), avions des cultures diverses (arabo-berbère, juive ou européenne) et des mémoires plurielles (de la colonisation et des guerres d’indépendance).

Ensemble, nous avions alors découvert, effarés, que la colonisation se perpétuait dans l’Hexagone, à travers les injustices et les inégalités qui touchaient principalement les quartiers populaires des grandes villes. Cela nous était insupportable.

Nous avons choisi de lutter contre ce fléau des discriminations à travers la transmission, la culture et la solidarité. Il nous fallait mettre en lumière tout ce que la France doit au Maghreb.

Nous avons par la suite créé le Maghreb des livres en 1994, à la demande de deux amis vivant au Maroc, la libraire franco-marocaine de Casablanca Marie-Louise Belarbi et le grand écrivain algérien Rachid Mimouni qui venait de quitter son pays natal pour échapper aux menaces des terroristes islamistes pendant la “décennie noire”. Il avait décidé de rester en Afrique du Nord, en se réfugiant à Tanger.

Rien n’a jamais été facile durant ces trente années ! Mais nous sommes collectivement très heureux et extrêmement fiers d’avoir tenu bon.

Avez-vous observé l’émergence de nouvelles tendances propres à cette région? 

De plus en plus, nous faisons le constat de la vigueur de l’écriture et de l’engagement de jeunes auteurs, nécessairement soutenus par des éditeurs tout aussi impliqués. Et cela est vrai des deux côtés de la Méditerranée.

Le seul et profond regret réside dans la très faible circulation en Afrique du Nord des ouvrages édités au Maroc, en Algérie et en Tunisie ! C’est d’ailleurs, a contrario, le plus beau compliment que nous adressent les auteurs et le public lors de chaque édition de notre salon:

“Ce Maghreb des livres, c’est le seul endroit où l’on peut retrouver l’ensemble des dernières productions éditoriales des trois pays du Maghreb et du Maghreb de France !”

Quels sont les points forts de cette édition ? 

Elle met à l’honneur les lettres marocaines. Sur les 85 auteurs invités, une trentaine de plumes des deux rives de la Méditerranée ont un lien avec le Royaume. Je tiens à remercier notre partenaire, le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), présidé par Driss El-Yazami, pour l’aide apportée dans cette mobilisation.

A quels défis êtes-vous confrontés ? 

La conjoncture actuelle : un monde de plus en plus dur, injuste, cruel, dans lequel les fractures se multiplient. Un tel contexte est particulièrement décourageant pour celles et ceux qui aspirent comme nous tous, autour de Coup de soleil et du Maghreb des livres, à la bienveillance, à la justice et au progrès.

Il nous faut donc, plus que jamais, toutes et tous ensemble, dans notre diversité, nous retrousser les manches et poursuivre le combat !

 

Fadwa Miadi