Marseille: il y aura un procès après le drame de la rue d’Aubagne

 Marseille: il y aura un procès après le drame de la rue d’Aubagne

Pancarte comportant les photographies des victimes de l’effondrement des 2 immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille, survenu en novembre 2018.

Le parquet a demandé que l’affaire de la rue d’Aubagne fasse l’objet d’un procès : l’effondrement de deux immeubles insalubres a causé la mort de huit personnes, en 2018.

Marseille: il y aura un procès après le drame de la rue d'Aubagne
Des pompiers inspectent un des 2 immeubles de la rue d’Aubagne, à Marseille, le 8 novembre 2018, effondrés plus tôt dans la semaine et qui ont causé la mort de 8 personnes. (Photo de GERARD JULIEN / AFP)

Dans son réquisitoire, le vice-procureur a demandé le renvoi des quatre personnes mises en examen devant le tribunal correctionnel de Marseille, pour homicides involontaires et blessures involontaires.

Le magistrat a en revanche abandonné le chef de mise en danger d’autrui, une proposition qui pourrait écarter une bonne partie des 70 parties civiles actuellement au dossier.

Signalements non traités

Parmi les quatre mis en examen, il y a Julien Ruas, adjoint au maire chargé de la prévention et de la gestion des risques, alors que la ville était encore dirigée par Jean-Claude Gaudin (LR).

A l’occasion de son réquisitoire, le magistrat a rappelé le nombre de dossiers aux oubliettes dans le service dirigé par cet élu: 2 600 signalements d’immeubles sous suspicion de péril non traités, 230 immeubles en péril grave et imminent non suivis.

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Marseille Habitat et le cabinet Liautard

Sur le banc des accusés, il y aura aussi Richard Carta, l’architecte désigné comme expert par le tribunal administratif de Marseille, qui avait inspecté l’immeuble du 65 rue d’Aubagne, trois semaines à peine avant le drame. Une visite qu’il avait bâclée en une heure, sans interroger aucun habitant.

Il y a enfin deux personnes morales: Marseille Habitat, société d’économie mixte de la ville de Marseille propriétaire du 63 rue d’Aubagne, un immeuble vide mais totalement délabré qui s’était écroulé en même temps que le 65. Le réquisitoire a d’ailleurs souligné, à son égard, qu’il y a eu « indiscutablement un refus délibéré » de cette société d’économie mixte « d’engager des travaux coûteux pour préserver des vies ».

Enfin, le parquet a épinglé le cabinet Liautard, le syndic de copropriété chargé de la gestion du 65. Il a souligné que lorsque ce cabinet engageait des travaux, « la cosmétique à coût minimum était privilégiée ».

 

Chloé Juhel