Massacre de Charonne : Pour la première fois un président français rend hommage aux victimes

 Massacre de Charonne : Pour la première fois un président français rend hommage aux victimes

Obsèques des huit personnes tuées durant la manifestation anti OAS dans la nuit du 8 au 9 février 1962 à Paris. Les corps d’abord exposés à l’annexe de la Bourse du Travail, boulevard du temple, ont été conduits, en un long cortège jusqu’au cimetière du Père Lachaise le 13 février 1962. STAFF / AFP

Pour la première fois, un président de la République française a rendu hommage aux victimes du massacre de Charonne. Un geste de plus dans la continuité des récentes prises de parole d’Emmanuel Macron 60 ans après les Accords d’Evian. Le 8 février 1962, la police parisienne a tué neuf manifestants pro-indépendance algérienne au niveau du métro Charonne.

« Soixante ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes et de leurs familles ». Le communiqué est bref, mais le message important. Emmanuel Macron a salué ce mardi la mémoire des neuf victimes mortes au métro Charonne, à Paris. Le préfet de police de Paris Didier Lallement a déposé ce mardi une gerbe au nom du président lors d’une cérémonie au cimetière du Père-Lachaise, à l’occasion du 60e anniversaire du drame.

« Le 8 février 1962, une manifestation unitaire a été organisée à Paris pour la paix et l’indépendance en Algérie et contre les attentats de l’OAS. Elle a été violemment réprimée par la police. 9 personnes ont perdu la vie, plusieurs centaines furent blessées », rappelle Emmanuel Macron dans son communiqué. Il est le premier président à rendre hommage à ces victimes. La police parisienne était alors sous l’autorité du préfet Maurice Papon. Ce dernier dirigeait également les forces de l’ordre lors d’un autre massacre de manifestants algériens le 17 octobre 1961.

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Des crimes « inexcusables »

Cet hommage aux victimes de la manifestation de Charonne était attendu depuis longtemps. Il « s’inscrit dans une démarche globale de reconnaissance de toutes les mémoires liées à la guerre d’Algérie et qui vise à construire cette mémoire commune », précise l’entourage du chef de l’État.

Déjà le 16 octobre, Emmanuel Macron avait fait un geste pour les 60 ans du massacre du 17 octobre 1961. Il avait alors déclaré que ces « crimes » commis « sous l’autorité de Maurice Papon » sont « inexcusables pour la République ». Depuis son accession au pouvoir en 2017, le Président a multiplié les gestes mémoriels pour tenter de « réconcilier les mémoires » entre Français et Algériens, mais sans « repentance ».

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« Dynamique ascendante d’apaisement »

Alger n’est d’ailleurs pas insensible à la démarche. Dès dimanche, l’ambassade d’Algérie en France avait salué la « dynamique ascendante d’apaisement » entre Alger et Paris. La diplomatie algérienne réagissait alors aux condamnations en France de la détérioration d’une statue du héros algérien Abdelkader. Depuis plusieurs mois, le président français enchaine les déclarations et les gestes concernant

Une sculpture en hommage à Abdelkader a été victime d’une dégradation avant son inauguration samedi à Amboise, pour les 60 ans de l’indépendance de l’Algérie. Un acte qui a suscité une vague unanime de condamnations. Cet hommage à une grande figure de la construction de la nation algérienne faisait partie des recommandations de l’historien Benjamin Stora dans son rapport sur « Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie ».

De son côté, l’ambassade d’Algérie a assuré « de la poursuite de la dynamique algéro-française, soutenue par une volonté politique de part et d’autre d’aller de l’avant ». Vendredi, le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra avait déjà estimé que les relations bilatérales étaient « dans une phase ascendante ».

Rached Cherif