Egypte. Port Saïd : Le stade de l’horreur

 Egypte. Port Saïd : Le stade de l’horreur

Quand l’un des fanatiques d’Al-Ahly est descendu sur la pelouse armé d’une barre de fer

A Port Saïd, au terme de la rencontre de football entre Al-Masry et Al-Ahly, des émeutes ont fait 75 morts, bilan provisoire. Querelle entre supporters qui a dégénéré, ou violence à caractère politique, la source du drame reste à éclaircir.

 

« C’est malheureux et profondément affligeant. Il s’agit de la plus grande catastrophe de l’histoire du football égyptien », a commenté le vice-ministre de la santé égyptien, Hecham Cheïka, dans les heures suivant la tragique émeute. Outre les décédés, 240 personnes ont été blessées selon le ministère de l’intérieur, plus d’un millier selon d’autres sources.

Les affrontements entre supporters ont débuté au coup de sifflet final de la rencontre remportée par Al-Masry, club de Port Saïd, face à Al-Ahly, géant cairote du football égyptien. Il s’agissait de la première défaite de la saison pour Al-Ahly, après dix-sept journées de championnat.

Les premières versions indiquent que les supporters visiteurs ont provoqué les locaux en déployant des banderoles insultantes envers Port-Saïd. Quand l’un des fanatiques d’Al-Ahly est descendu sur la pelouse armé d’une barre de fer, des supporters locaux ont alors envahi le terrain et ont commencé à agresser les partisans d’Al-Ahly, leur lançant pierres et bouteilles. Les forces de l’ordre, qui tentaient de protéger les joueurs, ont rapidement été débordées.

Les affrontements, mais surtout, la panique vécue à l’intérieur du stade, ont engendré ce terrible bilan. La plupart des défunts ont été piétinés ou ont chuté des gradins.

Port-Saïd a vécu une nuit cauchemardesque. Les magasins ont baissé leurs rideaux, et les particuliers transformaient leurs véhicules en ambulance de fortune pour transporter les blessés vers des hôpitaux débordés.

Le pouvoir égyptien a réagi au drame. Hussein Tantaoui, le chef du Conseil suprême des forces armées, a notamment fait envoyer deux avions militaires pour évacuer les joueurs et les blessés. L’armée a été déployée dans les rues de la ville portuaire.

 

Un joueur demande l’arrêt du championnat

Les Frères musulmans ont attribué ces violences aux partisans de l’ancien président, Housni Moubarak, qui avait démissionnée en février 2011, sous la pression populaire. Des heurts s’étaient déjà produits le 6 septembre, au Caire, entre la police et des partisans de Al-Ahly qui lançaient des slogans hostiles à Moubarak. Près de 80 personnes avaient été blessées.

Le président de la chambre basse du Parlement a convoqué pour ce jeudi une session extraordinaire pour débattre des évènements de Port Saïd.

Pour sa part, Sepp Blatter, le président de la FIFA, a réagi, parlant de « jour sombre pour le football ». Les événement de Port-Saïd se placent en effet parmi les plus meurtriers advenus dans un stade. En mai 2001, 126 morts avaient été déplorés à Accra, au terme d’une rencontre entre Hearts of Oaks et Kumasi. Le drame du Heysel, qui avait traumatisé l’Europe, avait fait 39 morts. Le triste record de décès enregistrés lors d’un match de foot remonte à 1982, suite à un mouvement de panique au sein du stade Loujniki de Moscou.

Interrogé par une de chaîne de télévision égyptienne, le joueur d’Al-Ahly, Mohamed Aboutreika a déclaré ceci : « Je demande l’annulation du championnat. C’est une situation horrible et on ne pourra jamais oublier la journée d’aujourd’hui. » Désormais, il s’agit de comprendre ce qui s’est réellement passé à Port-Saïd.

Thomas Goubin