La chronique du Tocard. Les femmes, les Noirs et les Arabes

 La chronique du Tocard. Les femmes, les Noirs et les Arabes


Moi si j'étais une femme blanche en France, je mènerais The combat aux côtés des Noirs et des Arabes. Parce que, même si certaines choses ces dernières années ont évolué pour elle, grâce notamment à sa ténacité et à son courage, elle devrait se rappeler que rien n'est jamais acquis. L'idée de remettre en cause dernièrement l'IVG par certains hommes politiques devrait vous alerter. 

 


Je sais "l'homme blanc" (pas tous, ici on parle de celui qui contrôle le système) a réussi à vous faire croire que les Noirs et les Arabes étaient vos ennemis numéro un. Qu'il ne pouvait pas avoir d'alliance avec eux. Qu'ils étaient tous de dangereux sauvages. Il a réussi à vous faire oublier que la violence conjugale touche toutes les couches sociales. A l'entendre, elle n'a jamais lieu dans les immeubles cossus du 16e ou de Neuilly-sur-Seine !


Pourtant, la misogynie est bien ancrée dans toute la société française. Elle existe depuis toujours et est même tolérée : il suffit d'aller faire un tour dans les arcanes du pouvoir, comme à l'Assemblée nationale pour voir comment y sont traitées les nanas sur place ! N'oubliez pas aussi que l'inégalité salariale dont vous êtes les principales victimes est une pratique systémique, et malgré les lois votées pour y remédier, l'Etat semble, pour l'instant, s'en accommoder. 


Dans les deux cas, femmes, Noirs et Arabes sont souvent renvoyés à un statut d'inférieur.es, de dominé.es, que seule la lumière détenue et apportée par l'élite blanche masculine permet de protéger, de les aider dans une pensée nettement colonialiste et patriarcale. 


Pour l'instant, cette élite s'en sort bien. Trop bien. Elle continue à dicter sa loi. Parce qu'elle sait utiliser à merveille notre absence d'union. 


Même si elle prétend souvent le contraire, pour nous endormir, pour gagner du temps, au fond d'elle-même, l'élite masculine qui nous gouverne, qui est à la tête de ce pays depuis toujours, qu'on retrouve en masse à l'Assemblée nationale, au Sénat, dans les conseils d'administration des grandes entreprises, à la tête de tous les clubs de foot, etc., etc., aimerait plus que tout au monde, que les femmes, toutes les femmes, les Noirs et les Arabes restent sagement à leur place. Faire le moins de bruit possible. Surtout ne pas la déranger dans son confort. Ne pas trop revendiquer.  


Bien qu'elle soit en grande partie responsable du malheur actuel de la France, et bien entendu, elle ne l'avouera jamais, cette élite puante préfère toujours mettre le déclin hexagonal déjà sur le dos des femmes, et aussi sur celui des immigrés.


C'est de la faute de ces "greluches", qui bordel de merde, n'auraient pas dû sortir de leurs cuisines un jour pour elles aussi, avoir le droit d'avoir une vie différente de leurs daronnes. Parce que pendant qu'elles sont dehors à essayer d'être heureuses, qui va les élever ces foutus mômes ? Et si les enfants aujourd'hui partent en couilles, c'est parce que les nanas travaillent et qu'elles vont parfois au ciné. 


Mais si le pays va super mal, c'est aussi à cause des immigrés, enfin des Bougnoules, des Négros, des Bamboulas, qui pourraient se faire discrets et quand même remercier la France pour avoir accueilli leurs parents. Fallait voir plutôt les conditions dans lesquelles on les a accueillis !  C'est la France qui devrait leur dire merci pour ce qu'ils ont apporté à ce pays. 


En vrai, les femmes, un peu moins si elles sont blanches, les Noirs et les Arabes galèrent toujours autant pour accéder aux mêmes postes à responsabilité que l'élite blanche masculine et occupent, à la place, des postes subalternes. 


A l'école, tous sont souvent orientés vers les mêmes filières. Les femmes, vers les branches sanitaires et sociales, d'aides à la personne ou secrétariat. Les Noirs et les Arabes, en priorité vers les filières professionnelles et techniques, parce que certains pensent que leurs capacités intellectuelles sont un peu moins balèzes que chez l'homme blanc qui a grandi à Neuilly. 


La femme a encore du mal à pouvoir faire des "sports d'homme", sans passer pour une lesbienne, faire des "métiers d'homme", sans qu'on lui demande de perdre sa féminité. 


Les femmes, les Noirs et les Arabes  ne peuvent pas être tranquillement au boulot sans avoir à supporter les blagues sexistes, les remarques racistes.


Malgré la révolution féminine, la  femme galère encore pour pouvoir disposer totalement de son corps. Célibataire, elle ne peut pas faire comme les mecs et butiner autant qu'elle veut, sans pour autant se faire traiter de salope. Si elle prend du plaisir en baisant, si elle va au bout de ses orgasmes, elle s'entendra dire que cela pourrait déstabiliser l'homme. Malheureusement, certaines femmes blanches semblent oublier tout ça.


A l'intérieur, elle est de plus en plus "blanche" et de moins en moins femme ! Elle vote de plus en plus Marine. Elle oublie qu'une fois que l'élite blanche masculine en aura fini avec les Noirs et les Arabes, il s'occupera d'elle. 


A bien y regarder, certaines femmes blanches subissent elles-mêmes leur aliénation. On dirait qu'elles prennent un malin plaisir à se faire infantiliser, à se faire dominer. L'homme est encore et toujours leur boussole, celui à qui il faut plaire. C'est en ça qu'elles ressemblent énormément aux Noirs et aux Arabes. La servitude inconsciente. Beaucoup ont même fini par intérioriser qu'elles devaient se contenter de ce qu'elles ont…


Les Noirs et les Arabes feront toujours plus confiance à un homme blanc qu'à une femme, un Noir ou un Arabe. Et une femme, à un homme blanc qu'à un Noir ou un Arabe. Et tous voient toujours celle et celui qui leur ressemblent comme une concurrence, un ennemi à abattre.


L'affaire Théo était une bonne occasion de tous se retrouver. Ça n'a pas eu lieu. Quand la police des polices a osé parler de "viol accidentel", il ne s'agissait pas seulement d'énièmes violences policières. Admettre qu'un viol peut être accidentel (dans la loi, ce terme n'existe pas), comme l'ont souligné des militantes féministes, c'est remettre en cause la nature même du viol. Une grave menace pour le droit des femmes. 


Imaginez tout de même la gueule que ça aurait, des manifs avec les femmes, les Noirs et les Arabes, avec toutes ces "minorités", (on pourrait inviter les Roms et les Asiatiques), qui du coup deviendraient une majorité. Ils pourraient être rejoints par des hommes blancs solidaires. On marcherait tous ensemble avec un seul et même but :  mettre un terme à la domination de l'élite masculine blanche. On en est loin. Malheureusement, très loin.


Pourtant, chacun devrait faire un pas l'un vers l'autre. Les Noirs et les Arabes s'insurgent et ils ont raison de le faire à chaque discrimination qu'ils subissent, mais ne s'indignent pas ou très peu contre la domination machiste. De leur côté, une partie des mouvements féministes ne comprend pas à quel point le racisme anti-arabe et anti-noir la concerne aussi parce qu'entre discriminés, on est plus amené à se comprendre. Tout le monde devrait se rappeler qu'une oppression est une oppression. Qu'elle soit raciste ou sexiste.


Pour essayer de positiver et se dire qu'un jour, la domination de l'élite masculine blanche cessera dans ce pays, on peut ajouter qu'il y a tout de même des tas d'hommes blancs bourgeois, des types bien, qui ont conscience de cette inégalité de traitement, entretenue savamment par la société. Bon, si on veut que ça change vraiment,  il serait temps qu'ils l'ouvrent aussi…


Nadir Dendoune


La chronique du Tocard. Police (21-02-2017)


La chronique du Tocard. Nos plumes énervées (14-02-2017)


La chronique du Tocard. Maman, tu sais … (7-02-2017)


La chronique du Tocard. Ma rage de vaincre (31-01-2017)


La chronique du Tocard. Jeune de Banlieue (24-01-2017)


La chronique du Tocard. Quand on veut on peut : Toz (17-01-2017) 


La chronique du Tocard. Ma conscience de pauvre (10-01-2017)


La chronique du Tocard. Victor Moustache Newman (03-01-2017)


La chronique du Tocard. Le Roumi (27-12-2016)


La chronique du Tocard. Papa Gnouël (20-12-2016)


La chronique du Tocard. Salah (13-12-2016)


La chronique du Tocard. Rania (6-12-2016)


La chronique du Tocard. Si maman était présidente (29-11-16)


La chronique du Tocard. "Lui, là" (22-11-2016)


La chronique du Tocard. Nos parents (15-11-2016)


La chronique du Tocard. Le journaliste (8-11-2016)


La chronique du Tocard. Le militant (1-11-2016)


La chronique du Tocard. Le Noir (18-10-2016)


La chronique du Tocard. Le Juif (11-10-2016)


La chronique du Tocard. Le Blanc. (04-10-2016)


La chronique du Tocard. Le Bougnoule (27-09-2016)


La chronique du Tocard. A l’école de la République (13-09-2016)


La chronique du Tocard. Si j'étais papa… (06-09-2016)


La chronique du Tocard. La Chambre 112 (30-08-2016)


La chronique du Tocard. Madame la France (23-08-2016)


La chronique du Tocard. La communautarisation des chagrins (16-08-2016)


La chronique du Tocard. Voleur un jour… (09-08-2016)


La chronique du Tocard. L’école arabe (02-08-2016)


La chronique du Tocard. Inchallah, tu vas guérir (26-07-2016)


La chronique du Tocard. Mes souvenirs de colos (19-07-2016)


La chronique du Tocard. L'opium du peuple (12-07-2016)


La chronique du Tocard. Je t’aime moi non plus (05-07-2016)


La chronique du Tocard. L’ascenseur de madame Dendoune. (28-06-2016)


La chronique du Tocard. Les ramadans de ma mère (20-06-2016)


La chronique du Tocard. L’homophobie n’a pas de religion (14-06-2016)


La chronique du Tocard. De l'eau du robinet seulement (07-06-2016)


La chronique du Tocard. La tête de mon père (31-05-2016) 


La chronique du Tocard. Nos rêves de pauvres (24-05-2016) 


La chronique du Tocard. Coup de foudre à Ighil Larbaa (17-05-2016)


La chronique du Tocard. Maurice Sinet (10-05-2016)


La chronique du Tocard. L'Humanité et les épluchures de ma daronne (03-05-2016)


La chronique du Tocard. Pour une poignée de dinars (26-04-2016)


La chronique du Tocard. Bandougou (19-04-2016)


La chronique du Tocard. Ma cité Maurice Thorez (12-04-2016) 


La chronique du Tocard. Le premier Skype avec ma daronne (05-04-2016)


La chronique du Tocard. Le sherpa blanc (29-03-2016) 


La chronique du Tocard. Les silences de ma mère (22-03-2016)


La chronique du Tocard. Nous les Juifs, on a rien demandé. (15-03-2016)


La chronique du Tocard. Bwana est mort, vive Bwana (08-03-2016)


La chronique du Tocard. Lolo (01-03-2016)


La chronique du Tocard. A deux doigts de tout lâcher (23-02-2016)


La chronique du Tocard. La revanche (16-02-2016)


La chronique du Tocard. Les lettres de Mohand Arezki (09-02-2016)


La chronique du Tocard. L'absent (02-02-2016)


La chronique du Tocard. Elsa et Salah (26-01-2016)


La chronique du Tocard. Amal (19-01-2016)


La chronique du Tocard. La dernière séance (12-01-2016) 


La chronique du Tocard. Aïcha, notre pépite. (05-01-2016) 


La chronique du Tocard. L'école de la République (29-12-2015)


La chronique du Tocard. Le jour où j'ai commencé à lire (22-12-2015)


La chronique du Tocard. L'indulgence (15-12-2015)


La chronique du Tocard. « Sale Français ! » (08-12-2015) 


La chronique du Tocard. La poésie de maman (01-12-2015)


La chronique du Tocard. Sabrina… (24-11-2015)


La chronique du Tocard. Chaque fois un peu moins (17-11-2015)


La chronique du Tocard. Bûche (10-11-2015)


La chronique du Tocard. Les mots comme les oiseaux (03-11-2015)


La chronique du Tocard. Des trous de souvenirs (27-10-2015)


La chronique du Tocard. Les larmes de Shaina (20-10-2015)


La chronique du Tocard. Mon frère (13-10-2015)


La chronique du Tocard. Le regard des siens (06-10-2015)


La chronique du Tocard. Son petit Gnoule à elle (29-09-2015)


La chronique du Tocard. Les 60 piges de ma frangine (22-09-2015)


La chronique du Tocard. L'amour Fakebook (15-09-2015)


La chronique du Tocard. Quand le cœur déménage… (08-09-2015)


La chronique du Tocard. De se cogner mon coeur doit prendre son temps (01-09-2015)


La chronique du Tocard. Lou Bric Bouchet mon amour (25-08-2015)


La chronique du Tocard. L'amour en voyage (18-08-2015)


La chronique du Tocard. Le bordel de ma vie (11-08-2015)


La chronique du Tocard. Patrick Dendoune (04-08-2015)


La chronique du Tocard. La femme est un homme comme les autres (28-07-2015) 


La chronique du Tocard. Une bouteille à la Seine (21-07-2015) 


La chronique du Tocard. Sans son Gnoule (14-07-2015)


La chronique du Tocard. L'amour à travers le Mur – Suite et fin (07-07-2015)


La chronique du Tocard. Baumettes et des lettres (30-06-2015)

Nadir Dendoune