Maroc. Le froid fait flamber les prix

 Maroc. Le froid fait flamber les prix

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La vague de froid polaire qui a touché le Maroc semble mettre le feu au panier de la ménagère. Le prix des principaux fruits et légumes a connu une augmentation notable qui vient alourdir le budget des Marocains, apportant de l’eau au moulin des manifestants contre la cherté du coût de la vie.




 


L’instabilité que connaissent actuellement les grandes halles du pays semble difficile à circonscrire, un bilan définitif des pertes agricoles n’ayant pas encore été arrêté. Une situation qui fait le bonheur des spéculateurs et qui se répercute sur les prix des céréales, des pommes de terre, ou encore sur les aliments pour bétail.


Du côté du ministère de l’Agriculture, un premier bilan fait état de lourdes pertes dans les champs cultivés de pommes de terre. 4 700 hectares de plantations ont été perdus, soit presque 10% de la surface nationale dédiée à ce tubercule.


De plus, « Le froid et le manque de pluie ont fortement affecté la céréaliculture » indique-t-on au ministère de tutelle. Agriculteurs et officiels ont constaté un retard de croissance sur les céréales, ce qui laisse craindre le pire pour la campagne actuelle.


Après une récolte 2011 satisfaisante, celle de cette année s’annonce moyenne, ce qui ne manquera pas de se répercuter sur les importations marocaines de céréales, dans un contexte mondial marqué par des prix à la hausse. Seuls les fruits, et l’arboriculture de manière générale semblent avoir mieux supporté la vague de froid.


 


Vers un plan d’urgence national ?


Les dégâts causés par le froid et la sècheresse ont également touché d’autres cultures, à des degrés divers. Les cultures sucrières – betteraves et canne à sucre – fèves, petits pois, et autres légumes ont subi les effets de cet hiver rigoureux, ce qui impacte directement leur approvisionnement sur le marché et engendre la hausse constatée sur la plupart de ces denrées.


La question préoccupe tellement qu’elle s’est frayé un chemin au parlement. Cette semaine, des députés de l’opposition ont en effet interpellé Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, sur l’éventuelle mise en place d’un plan de sauvetage agricole.


Selon le ministre, la situation sur le terrain est maitrisable et l’Etat a d’ores et déjà mis en place une série de mesures en faveur des agriculteurs. Un budget de 765 millions de dirhams a été réservé au « repêchage » des agriculteurs endettés, avec prise en charge de 50% du coût des semences de pommes de terre.


Sur la question de la volatilité des prix, Akhannouch a reconnu une hausse de 19% sur certaines denrées. D’autres mesures devraient voir le jour en fonction de l’évolution de la situation au cours des prochaines semaines. Si le froid est passé, le manque de pluie risque d’aggraver les pertes d’une agriculture encore fortement pluviale.


Une équipe du ministère de tutelle plancherait actuellement sur une cartographie complète des zones touchées afin d’établir un premier bilan des tonnages perdus, et de leur éventuel impact sur la stabilité des prix ainsi que sur le potentiel à l’export du secteur, au lendemain de l’approbation de l’Accord agricole avec l’Union européenne.


Zakaria Boulahya




 

Zakaria Boulahya