Portrait. Marine Le Pen ou l’extrême droite qui veut se donner un visage humain

«Ni de droite ni de gauche» comme elle aime à se définir, Marine Le Pen n’en est pas moins présidente du Front national, parti classé d’extrême droite.

Adhérente du parti fondé par son père depuis l’âge de ses 18 ans, en 1986, il faudra tout de même attendre 2002 pour qu’elle devienne une figure médiatique du parti. Le soir du second tour des élections présidentielles, après la défaite de Jean-Marie Le Pen, différents membres du FN sont amenés à s’exprimer sur les plateaux de télévision. C’est là que Marine Le Pen se révèle être une véritable oratrice. Dès lors, son ascension au sein du Front national est en marche. En 2007, elle est nommée vice-présidente exécutive du parti, chargée des «affaires intérieures» et s’occupe à ce titre de la communication interne et externe. En 2011, elle succède à son père en devant la deuxième présidente du parti.

La méthode

Directrice stratégique de son père lors des élections présidentielles, elle sème le trouble au sein du parti avec une campagne d’affichage mettant en scène une Maghrébine. «Sur cette affiche, on évoque la nationalité, l’assimilation, l’ascenseur social, la laïcité, qui sont des domaines dans lesquels la droite et la gauche ont absolument échoué. Un certain nombre de Français d’origine immigrée sont conscients de cet échec et entendent obtenir des réponses. Beaucoup d’entre eux se tournent vers le candidat Jean-Marie Le Pen pour en obtenir». La nouvelle image du FN se veut plus moderne. C’est «l’extrême droite à visage humain», selon Bernard-Henry Lévy. Marine Le Pen adhère totalement aux valeurs essentielles du parti, telles que le retour de la peine de mort, l’immigration ou encore l’insécurité. Comme son père, elle a l’art de la formule qui frappe. En décembre 2010, elle n’hésite pas à comparer les musulmans qui prient dans la rue à l’occupation allemande. La phrase de Marine Le Pen choque mais pour autant la classe politique se lance dans un débat sur le sujet.

Présidentielles

Alors qu’elle n’a annoncé sa candidature aux élections présidentielles de 2012 qu’en mai dernier, un sondage effectué en janvier 2011 estime qu’elle occuperait la troisième position et pourrait obtenir entre 17 et 18 % des suffrages. Pour Patrick Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy et ancien rédacteur en chef de journaux d’extrême droite, «le potentiel de Marine Le Pen de progression se situe plutôt à gauche». «Pour le petit Blanc, l’immigré est la figure du déclassement.(…) Ce n’est pas là où il y a des immigrés que le FN progresse le plus, c’est là où ils ont peur de les voir venir», explique dans une interview au Point l’homme de l’ombre de Nicolas Sarkozy. «Mon objectif, c’est tout sauf un second tour Sarkozy-Le Pen. S’il est élu face à elle, il sera élu sur une ambiguïté».

Gypsy Allard

Gypsy Allard