Plusieurs dizaines de réfugiés en sit-in devant le HCR à Tunis

 Plusieurs dizaines de réfugiés en sit-in devant le HCR à Tunis

Une centaine de réfugié.e.s et de demandeur.euse.s d’asile tiennent un sit-in devant le HCR à Zarzis, le 14 février 2022, pour réclamer leur réinstallation dans des pays plus sûrs. FATHI NASRI / AFP

Des dizaines de réfugiés africains participent depuis samedi à un sit-in devant des bureaux du HCR à Tunis. Ils réclament une évacuation vers d’autres pays. Il s’agit essentiellement de naufragés, secourus alors qu’ils tentaient de rallier l’Europe en traversant la Méditerranée.

 

Une centaine de personnes, pour la plupart originaires du Soudan, campent devant les locaux du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), à Tunis, pour réclamer leur évacuation du pays. Le mouvement de contestation a débuté en février à Zarzis, dans le sud du pays. La majorité des manifestants possèdent le statut de réfugié, mais disent ne pas pouvoir vivre dignement en Tunisie.

Parmi eux figurent de nombreuses femmes et enfants, qui passent la nuit sur des cartons étalés à même le sol. Une action qui ne passe pas inaperçue dans ce quartier huppé de la capitale tunisienne. Sur une pancarte qu’ils ont accrochée à l’entrée du bâtiment, on peut lire « Nous avons besoin d’être évacués ».

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Les migrants et réfugiés, originaires notamment d’Afrique subsaharienne, se plaignent régulièrement d’être victimes de violences verbales et physiques en Tunisie. Les actes racistes ne sont en effet pas rares, et peuvent aller jusqu’à l’homicide. Les immigrés de couleur subissent aussi régulièrement interpellations et détentions arbitraires, voire déportations, de la part de la police tunisienne.

Baisse du budget du HCR en Tunisie

« Nous réclamons le respect de nos droits élémentaires. Nous voulons être évacués vers n’importe quel autre pays qui respecte les droits humains et la dignité humaine », a déclaré l’un des manifestants, Saleh Saeed, un Soudanais de 24 ans originaire du Darfour et bloqué en Tunisie depuis quatre ans.

Par ailleurs, malgré des documents en règle, ils expliquent parviennent pas à vivre dignement. Outre le racisme latent, la Tunisie subit une crise économique et politique sans précédent. Or, le HCR a informé en février les réfugiés qu’il héberge qu’ils devaient évacuer les logements mis à disposition.

Ils recevraient en échange une allocation de 250 dinars (environ 75 euros) par mois pendant trois mois. Le HCR justifiait cette démarche par « une forte diminution de [son] budget annuel de l’ordre de 30 à 40 % ». Face au mouvement de protestation, l’organisation a proposé aux exilés de restituer les logements et de revoir les critères de vulnérabilité pour adapter le niveau d’assistance.

« Nous sommes toujours ouverts à la négociation et notre porte reste ouverte », insiste Laurent Raguin, représentant adjoint du HCR en Tunisie. Toutefois, la réinstallation que réclament les réfugiés a peu de chance d’aboutir, faute de places proposées par l’Europe ou l’Amérique du Nord.

 

Rached Cherif