Rassemblement à Tunis contre l’amendement de la loi électorale

 Rassemblement à Tunis contre l’amendement de la loi électorale

A deux semaines du scrutin présidentiel et au mépris des règles éthiques universelles, 34 députés pro pouvoir ont déposé en fin de semaine un projet de loi organique censé amender la loi relative aux élections et aux référendums. Un texte qui vise à retirer les prérogatives du Tribunal administratif en matière de litiges électoraux pour les attribuer à la cour d’appel. « Un passage en force de trop » qui a remobilisé la rue à Tunis pour la deuxième semaine consécutive.

 

« Changer la loi électorale l’année des élections, c’est assassiner la démocratie ! », s’indignait Kais Saïed en 2019, avant de devenir président. C’est pourtant ce que s’apprête à faire un Parlement qui lui est acquis, à quelques jours seulement de l’échéance du 6 octobre prochain. « Un scandale jamais vu même dans les pires dictatures ! », dénonce en chœur l’opposition tunisienne qui évoque « un affront fait au peuple ».

Une fois de plus c’est le Réseau tunisien des droits et des libertés qui a organisé, dans l’après-midi du dimanche 22 septembre, le rassemblement de protestation après le relatif succès de la manifestation du 13 septembre dernier qui avait réussi à mobiliser deux à trois mille personnes « contre l’autoritarisme de Kais Saïed » ainsi que l’éviction des principaux candidats sérieux à la présidentielle.

Parmi ceux qui ont pris part à ce rassemblement de protestation organisé aux abords du Théâtre municipal dans la capitale des activistes de la société civile ainsi que des figures politiques et qui ont brandi des slogans réclamant l’annulation du projet de loi et une levée de boucliers contre ce qu’ils estiment être « des pratiques foncièrement illégales dans le traitement des affaires électorales ».

Parmi les « high profile » présents, le leader de la gauche radicale Hamma Hammami, auquel certains avaient reproché son absence aux précédentes marches, au motif de ne pas souhaiter se mélanger aux militants d’Ennahdha. Néanmoins ce rassemblement était visiblement plus clairsemé que celui qui le précède (environ 1500 manifestants) , ce qui a permis aux forces de l’ordre d’imposer un cordon sécuritaire à une centaine de mètres du ministère de l’Intérieur.

 

« Un processus décrédibilisé »

« Le système actuel est en train de contourner la légitimité électorale et les conditions légales de l’opération démocratique », a notamment affirmé le secrétaire général adjoint du parti Travail et réalisation, Ahmed Naffati, qualifiant le projet de loi proposé par certains députés pour amender la loi électorale de « grave précédent juridique qui doit être neutralisé via des mouvements pacifiques de la rue ».

Le secrétaire général du Parti des travailleurs, Hamma Hammami, a pour sa part également déclaré que « l’unique solution pour modifier les équilibres politiques dans le pays est de faire pression en sortant dans la rue ». De son côté le dirigeant au Courant démocrate, Hichem Ajbouni, a considéré que ce rassemblement de protestation « est bien la preuve que le peuple tunisien reste attaché à la démocratie comme étant seule méthode légitime pour assurer le renouvellement du pouvoir ».

Le Réseau tunisien des droits et des libertés regroupe pour rappel huit organisations dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), la Coalition Soumoud, l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), l’association féministe Aswat Nissa et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Le réseau a aussi intégré le Parti des Travailleurs, le Courant démocrate, Afek Tounès, le Parti socialiste, Al Massar, Al Qotb et Ettakatol.

Seif Soudani