Taha Bouhafs condamné en appel pour injure raciste

 Taha Bouhafs condamné en appel pour injure raciste

Taha Bouhafs devra payer une amende de 1 000 euros avec sursis et 2 000 euros de dommages et intérêts à Linda Kebbab. Photos : de gauche, JOEL SAGET / AFP – JULIEN DE ROSA / AFP

Le journaliste Taha Bouhafs écope d’une amende de 1 000 euros avec sursis pour avoir qualifié, sur les réseaux, la syndicaliste policière Linda Kebbab d’« arabe de service ».

 

Hier, le 26 octobre, la cour d’appel a confirmé le jugement du tribunal correctionnel qui avait reconnu coupable Taha Bouhafs du délit d’injure publique à raison de l’origine. C’était en septembre 2021. Le journaliste devra payer une amende de 1 000 euros avec sursis et 2 000 euros de dommages et intérêts à Linda Kebbab, ainsi qu’un euro à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, également partie civile.

« Rien à voir » avec George Floyd

Un an plus tôt, en juin 2020, au lendemain d’une manifestation contre les violences policières organisée par des proches d’Adama Traoré, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP-FO, affirme que, tout en comprenant « la colère et la souffrance » de la famille d’Adama Traoré, son décès n’avait « absolument rien à voir » avec celui de George Floyd aux Etats-Unis, mort étouffé après son interpellation.

Sur son compte Twitter à l’époque suivi par 80 000 personnes, Taha Bouhafs détourne l’acronyme ADS (adjoint de sécurité) en qualifiant la syndicaliste policière d’« ADS: Arabe de service ». Un tweet supprimé quelques minutes plus tard.

« Violation de ma liberté d’expression »

Dans sa décision, la cour d’appel a estimé que les propos étaient « outrageants » et avaient « également un caractère raciste puisqu’ils réduisent l’intéressée à son origine arabe, qui lui interdirait de défendre certaines idées sous peine d’être automatiquement présentée comme un alibi de son syndicat ou de l’institution policière ». « Cette condamnation démontre que nul milieu n’est exempté de comportements racistes et discriminatoires », a réagi Linda Kebbab.

« Cette décision s’entête dans la violation de ma liberté d’expression, elle s’entête aussi dans la répression de l’antiracisme politique », a déclaré de son côté Taha Bouhafs. Son avocat a annoncé qu’il allait former un pourvoi en cassation.

 

Chloé Juhel