Tunisie : L’insolente santé du tourisme médical contraste avec la crise de l’hôpital public

 Tunisie : L’insolente santé du tourisme médical contraste avec la crise de l’hôpital public

Le système sanitaire de la Tunisie connaît une crise profonde qui profite au secteur privé.

La Tunisie, réputée comme leader africain en soins médicaux, attire plus de deux millions de patients étrangers chaque année, offrant un éclat inattendu dans une économie chancelante. Cependant, ce succès contraste de manière saisissante avec la crise persistante du système de santé public.

En dépit des soubresauts de la pandémie de Covid-19, le tourisme médical en Tunisie, qualifié de « prioritaire », génère un impressionnant chiffre d’affaires d’environ 3,5 milliards de dinars par an. L’an dernier, ce secteur vital a constitué la moitié des recettes du secteur touristique, crucial pour un pays affichant une croissance économique atone de 1,2% en 2023.

Bintou Yunoussa, après des traitements infructueux à l’étranger, a trouvé en Tunisie un médecin « très compétent » pour sa fécondation in vitro, explique-t-elle à l’AFP. Elle rejoint de nombreux autres patients, venus du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et même d’Europe, attirés par des coûts compétitifs et des spécialistes mondialement reconnus.

 

Contraste avec la Crise du Système de Santé Public

Le Dr Fenina, du ministère de la Santé, souligne le « fort potentiel » du tourisme médical tout en identifiant des obstacles, tels que l’absence de liaisons aériennes directes avec certains pays africains et des retards dans l’octroi de visas. Le travail sur un visa médical et des textes organisant l’activité des parties prenantes montre la volonté de surmonter ces obstacles.

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Par ailleurs, le succès dans le tourisme médical souligne le contraste frappant avec la crise persistante du système de santé public en Tunisie. Si les cliniques privées spécialisées offrent un service de haute qualité, le système public fait face à des défis structurels, avec des hôpitaux débordés et des ressources limitées.

Symbole de cette crise : le décès en décembre 2020 d’un jeune médecin dans un accident d’ascenseur à l’hôpital de Jendouba (est). Au moment du drame, un seul des six ascenseurs de l’établissement fonctionnait normalement. Il a fallu en outre plus d’un an pour que le ministère de la Santé annonce la remise en service des ascenseurs défaillant.

Rached Cherif