Tunisie : Paris et Washington sortent du silence

 Tunisie : Paris et Washington sortent du silence

Les États-Unis adoptent un ton plus ferme que la France face aux récents événements en Tunisie.

Il aura fallu près de 24 heures à la France et aux États-Unis pour réagir au coup d’éclat de Kais Saied qui a suspendu le fonctionnement des principales institutions en Tunisie. Les deux capitales, dont les réactions étaient très attendues, se sont toutefois contentées de déclarations modérées.

Le ministère des Affaires étrangères « a pris connaissance des décisions que le Président de la République tunisienne a annoncées ». En outre, La France « souhaite le respect de l’État de droit et le retour (…) à un fonctionnement normal des institutions » en Tunisie.

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Aucune condamnation ferme de la France donc. Le communiqué du Quai d’Orsay adopte ainsi un ton modéré en réaction à ce que certains appellent un coup d’État. Tout au plus, Paris appelle à « préserver les acquis démocratiques du pays ». Rien donc sur les opérations de police à l’encontre de journalistes qu’a dénoncé RSF mardi matin. Au contraire, le communiqué rappelle que « la France se tient aux côtés des Tunisiens face aux défis auxquels leur pays est confronté ».

En l’attente de la nomination de son nouveau gouvernement, le président Kais Saied a voulu rassurer ses partenaires en réunissant des représentants de la société civile. Outre la suspension des activités des administrations et un resserrement du couvre-feu, il y a eu peu d’annonces lundi. Un manque de visibilité sur ses intentions qui risque d’éroder rapidement la patience des capitales étrangères et l’espoir des Tunisiens qui sont nombreux à avoir fêté les mesures prises dimanche soir.

 

Washington inquiet pour la liberté de la presse

Le ton est un peu moins conciliant à Washington. La Maison-Blanche exprime son « inquiétude concernant les récents événements en Tunisie » (vidéo en anglais) au regard des crises économiques et sanitaires en cours.

La présidence américaine et le secrétariat d’État « sont en contact au plus haut niveau avec responsables tunisiens », ajoute Jen Psaki, porte-parole de Joe Biden. Elle a en revanche éludé la question concernant la qualification des événements en coup d’État. Il « s’agit d’une dénomination légale », explique-t-elle, préférant renvoyer la balle au secrétariat d’État. Dans la législation américaine, la qualification de coup d’État entraîne automatiquement la suspension de la coopération bilatérale. Dans le cas de la Tunisie, cela signifie aussi le retrait des garanties sur les emprunts internationaux.

De son côté, le ministère américain des Affaires étrangères a publié un communiqué plus incisif. Les « solutions aux problèmes (…) doivent se baser sur la Constitution et les principes démocratiques », estime la diplomatie américaine. Elle se dit par ailleurs « particulièrement troublée de lire que des locaux de médias ont été fermés ». Ajoutant que Washington « insiste sur le strict respect de la liberté d’expression et des droits civiques ».

Rached Cherif