Tunisie. Terrorisme: deux condamnations à mort pour un attentat jihadiste

 Tunisie. Terrorisme: deux condamnations à mort pour un attentat jihadiste

La police scientifique sur le site de l’attentat-suicide devant l’ambassade américaine à Tunis, le 6 mars 2020

Deux individus ont été condamnés à mort mardi 14 mars 2023 pour leur implication logistique dans un attentat kamikaze devant l’ambassade américaine à Tunis il y a 3 ans quasiment jour pour jour, en mars 2020.

Selon les avocats de la défense, cette peine devrait se muer en prison à perpétuité en raison d’un moratoire sur les exécutions. Cependant rien n’est acquis selon d’autres juristes pour qui le contexte judiciaire a changé en Tunisie depuis le plaidoyer officiel du président de la République Kais Saïed en faveur de la peine de mort, précisément dès septembre 2020.

Pour rappel, l’attentat suicide revendiqué par l’Etat Islamique et mené par deux assaillants, avait visé le 6 mars 2020 une unité de police stationnée devant l’ambassade américaine dans la banlieue nord de Tunis, aux Berges du Lac 2. Outre ses deux auteurs circulant à moto, l’attaque avait alors coûté la vie à un policier, un officier lieutenant âgé de 52 ans. Quatre autres policiers ainsi qu’un civil avaient été grièvement blessés.

 

Plusieurs complicités

Au total, cinq accusés, dont trois en détention et deux comparaissant libres, étaient poursuivis en justice en lien avec cet attentat. La chambre criminelle spécialisée dans les affaires terroristes à Tunis a donc condamné deux d’entre eux à la peine capitale et un troisième à la prison à vie, ont rapporté les médias nationaux aujourd’hui. Les deux autres prévenus ont été condamnés à respectivement trois et quatre ans de prison, selon la même source. Aucun commentaire n’a pu être obtenu auprès du porte-parole du parquet de Tunis.

La Tunisie observe un moratoire en Tunisie sur les exécutions depuis 1991, année de la dernière exécution en date. Le 6 janvier 2014, l’Assemblée nationale constituante avait voté pour le maintien de la peine capitale dans la Constitution tunisienne. Les votes étaient de 135 « oui » sur un total de 174. Depuis 2015, il est possible de prononcer la peine de mort pour terrorisme, en vertu d’une nouvelle loi.

Si après la révolution de 2011, la Tunisie a connu un essor des groupes jihadistes, les autorités affirment avoir obtenu ces dernières années des progrès significatifs dans la lutte contre ces groupes aujourd’hui quasiment éradiqués dans le pays.

Seif Soudani