Vaccins : 10 choses à savoir pour sceptiques et non sceptiques

 Vaccins : 10 choses à savoir pour sceptiques et non sceptiques

L’Algérie a lancé sa campagne de vaccination dans un des premiers épicentres de l’épidémie

Le monde connaît actuellement une course effrénée pour la constitution de stocks de vaccins suffisants à même d’assurer l’immunité collective que serait atteinte en inoculant le vaccin à plus de 60% de la population d’un pays. Des réticences subsistent quant à ces vaccins, surtout en France. Faisons le point sur les informations principales à savoir. 

Tous les pays sont encore loin de l’objectif des 60% vaccinés pour chaque population, mais certains évoluent mieux que d’autres. À vendredi 8 janvier dernier, le top 10 des pays classés par le pourcentage de la population vaccinée se présente comme suit : 

Israël : 19.55% – Emirats Arabes Unis : 8.98% – Bahreïn : 4.25% – Royaume-Uni : 1.91% – Etats-Unis : 1.79% – Islande : 1.43% – Danemark : 1.43% – Italie : 0.68% – Canada : 0.62% – Slovénie : 0.59%. 

La France n’était à cette date qu’à 0.07%, mais le processus de vaccination s’accélère ces derniers jours. Olivier Véran, ministre de la Santé, a annoncé l’objectif de vacciner 27 millions de Français d’ici fin juin 2021. Au-delà du défi logistique et organisationnel, il faut battre les réticences et les doutes quant à la sûreté du vaccin à ARN messager (ou ARNm). En effet, beaucoup de fausses informations circulent au sujet de ce vaccin. 

À travers la lecture de publications scientifiques et l’avis d’experts autorisés sur cette nouvelle technologie dans le domaine des vaccins, nous dégageons quelques réponses aux interrogations :

  1. Qu’est-ce que l’ARN messager ? 

L’ARNm, Acide Ribonucléique messager est une copie transitoire de l’ADN correspondant à un ou plusieurs gènes. Les cellules l’utilisent comme intermédiaire pour la synthèse des protéines. 

2. En quoi consiste la technique du vaccin à ARNm ?

Interrogé par Franceinfo, Etienne Simon-Lorière, responsable de l’unité de génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur, a déclaré que « l’ARN retranscrit l’information génétique d’une partie du virus. Cet ARN forme ainsi un code donnant des instructions qui permettent aux cellules vivantes de générer une protéine ». « Le vaccin ARN anti-Covid-19 est donc un fragment d’ARN qui génère la protéine placée sur la surface du virus. Si le vaccin est efficace, l’organisme va apprendre à reconnaître cette protéine externe, qui s’appelle le spicule du Sars-Cov-2, et il va générer des réponses immunitaires sous la forme d’anticorps de réponse cellulaire ». 

3. Quelles sont les différences entre les vaccins à ARNm et les vaccins traditionnels ? 

La différence est radicale. Les vaccins classiques consistent à inoculer le virus dans l’organisme, soit sous une forme atténuée, soit sous forme inactivée pour enclencher une réponse immunitaire. Les vaccins contre la fièvre jaune ou la rougeole sont à virus atténué. Le virus infecte les cellules de l’organisme sans rendre le corps malade et il est détecté par le système immunitaire qui produit ses défenses. Quant aux virus inactivés, la technique est de faire croître le virus puis de l’inactiver grâce à la chaleur ou à une préparation chimique. Dans le cas du Covid-19, des laboratoires chinois ont opté pour cette technique. 

4. Les vaccins à ARNm de Pfizer-BioNTech et Moderna sont-ils efficaces ? 

Les essais cliniques de ces deux vaccins ont abouti à des résultats très concluants avec une efficacité de 94%. Ces essais ont concerné 30.000 volontaires à chacune des études, lesquelles ont été effectuées en double aveugle et avec un groupe placebo, respectant ainsi les critères les plus rigoureux pour de telles études. 

5. Existe-t-il un risque entre le délai très court de développement d’un vaccin innovant (ARNm) et la sûreté ? 

Généralement, la conception et la mise en oeuvre d’un nouveau vaccin prend plusieurs années. Dans le cas du vaccin ARNm et contrairement à ce qui circule dans les réseaux sociaux, il a fait l’objet de recherches approfondies depuis plus de 20 ans , qui a été testé sur les humains. En plus, les scientifiques ont accumulé une bonne connaissance sur la famille des coronavirus. Enfin, les Etats ont mobilisé des financements très importants auprès d’un certain nombre de laboratoires pour accélérer la mise au point de tels vaccins. 

6. L’ARNm peut-il modifier les gènes des vaccins ? 

Stéphane Baucel, CEO de Moderna, a déclaré à la radio et télévision suisse que « la technologie de l’ARNm est très intéressante […]. Elle ne touche pas le noyau de la cellule, ce qui est très important pour ne pas prendre de risque avec votre ADN ». Pour Etienne Simon-Lorière, « le matériel génétique de la personne vaccinée, qui se trouve dans le noyau de la cellule, ne va pas interagir avec l’ARN du vaccin. Cette technologie est d’ailleurs étudiée depuis des années. Avant la pandémie, il y avait déjà plusieurs candidats vaccins à ARNm en développement par plusieurs groupes. Mais il reste d’autres interrogations et notamment celle-ci : on ne connaît pas la durée d’efficacité des vaccins à ARN. L’immunité pourrait disparaître plus rapidement qu’avec d’autres vaccins, nous n’avons pas de recul sur cette technologie ». 

7. Y-a-t-il eu des effets secondaires graves de ces vaccins ARNm ?

À aujourd’hui, des réactions allergiques graves ont été rapportées, mais qui demeurent extrêmement rares. Au 23 décembre, seules 11 personnes sur 1 million de personnes vaccinées aux Etats-Unis ont développé des réactions allergiques graves dans les 15 minutes qui ont suivi. Ceci reste largement inférieur aux réactions à l’anesthésie pour lesquelles on dénombre 100 cas pour 1 million de personnes. La réaction, très rare, est due à l’allergie au polyéthylène glycol qu’on trouve dans les dentifrices, shampoings, certaines crèmes, rouges à lèvres, savons. Par conséquent, les personnes ayant connu des allergies à ces produits ne doivent pas se faire vacciner par l’ARNm. 

8. Ces vaccins ARNm restent-ils efficaces contre le variant du virus Covid apparu au Royaume-Uni ?

Les médias ont rapporté depuis plusieurs jours l’existence de deux variants du virus Covid-19 au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Les experts confirment que ces variants se transmettent plus vite, de 40 à 70% que le virus qui sévit depuis plus de 11 mois, mais dont la gravité n’est pas plus importante que le virus actuel. La France a enregistré plusieurs dizaines de cas et l’espoir est porté sur l’efficacité des vaccins sur ce nouveau variant. 

Pfizer-BioNTech a déclaré que les premiers tests de son vaccin sur le variant anglais sont rassurants. Ceci doit être confirmé par des études plus poussées et concerneront aussi le variant sud-africain. 

9. Le vaccin ARNm contient-il de l’aluminium ? 

Pfizer-BioNTech a dévoilé la composition de son vaccin : une dose de 0.3mL contient 30 microgrammes d’ARNm de Covid-19, des lipides et une dose minimum de potassium et de sodium. 

10. Des personnes vaccinées contre le Covid-19 sont-elles décédées suite au vaccin ? 

Durant les tests du vaccin anti-Covid-19, six personnes participantes sont décédées. Mais quatre d’entre elles ont reçu un placebo et n’ont pas reçu le vaccin. Pour les deux autres ayant reçu le vaccin, l’une est morte d’un arrêt cardiaque et l’autre d’une maladie ancienne des artères. Ce genre de décès est souvent rapporté au sein des groupes qui participent aux études et tests similaires à ceux menés pour ce vaccin.

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Malika El Kettani