Violences policières en France : sans justice, pas de paix

 Violences policières en France : sans justice, pas de paix

Manifestation contre les violences policières Julien Mattia/NurPhoto)/AFP

On ne peut hélas égrener tous les noms de victimes policières. Il faudrait y consacrer un magazine entier. En moyenne, une douzaine de personnes meurent chaque année des suites de violences policières, le plus souvent perpétrées dans l’impunité. Qu’est-ce qui a changé depuis la Marche pour l’égalité et contre le racisme de décembre 1983 ? ­Partie de Marseille le 15 octobre dans une quasi-indifférence, elle s’achève triomphalement place de la Bastille le 3 décembre, réunissant 100 000 personnes. Pourtant, les jeunes marcheurs, essentiellement maghrébins, réclamaient alors que les principes de la République, “Liberté, Egalité, Fraternité”, s’appliquent à tous.

Ainsi, ils espèrent interpeller l’opinion sur la recrudescence des crimes sécuritaires et des meurtres racistes qui touchent alors les quartiers populaires, mais dont les médias et les politiques semblent se désintéresser. Leur slogan “Rengainez, on arrive”, est plus qu’explicite.

Des actes systématiquement minorés

Trois ans plus tard, le 6 décembre 1986, à Paris, Malik Oussekine meurt roué de coups par trois voltigeurs, des policiers à moto. 2 d’entre eux ont été condamnés dans cette affaire pour “coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner”.

Pourtant, cela n’a pas empêché, en mai dernier, Jean-Michel Fauvergue, l’ancien patron du Raid devenu député LREM, de déclarer à nos confrères de France 5 : “Il faut oublier l’affaire Malik Oussekine”. Une sortie qui a fait bondir une partie de la classe politique.

Et Alexis Corbière, député Insoumis, de corriger aussitôt sur Twitter : “Non, c’est l’inverse. Chaque policier et gendarme, même dans des conditions difficiles, doit garder en mémoire la scandaleuse mort de Malik Oussekine. Rien ne justifie qu’un être humain meurt sous des coups de matraques. L’oublier, c’est trahir la dure mission qui vous est confiée.”

Les violences policières sont encore et toujours minorées. Mais la répression des “gilets jaunes”, le montre. Dorénavant, la violence d’Etat auparavant réservée aux quartiers populaires se généralise à toute la société. Le débat va peut-être enfin s’ouvrir

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Nadia Hathroubi-Safsaf, rédactrice en chef du Courrier de l'Atlas

Nadia Hathroubi-Safsaf

Rédactrice en chef du mensuel en kiosque, Le Courrier de l'Atlas