Une demande d’audience pour Bouteflika tourne à la polémique

 Une demande d’audience pour Bouteflika tourne à la polémique

Le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal. AFP / STR


 


Les partisans de Bouteflika ont violemment réagi à la démarche des 19 personnalités qui, inquiètes de la situation du pays, ont voulu rencontrer le président algérien. 


 


La sortie médiatique du groupe des 19 personnalités nationales qui ont demandé une audience au président Bouteflika tourne à la polémique : accusations, répliques violentes et échanges d’amabilité entre partisans et opposants à cette démarche. Le tout sous le regard médusé du reste de l’opposition et de l’opinion publique. Pourtant,  le geste est des plus anodins.


Des citoyens, même si certains sont très proches du chef de l’Etat, demandent à voir le président de la République pour lui faire part de leurs inquiétudes quant à la situation du pays. Mieux, ils n’ont à aucun moment remis en cause la légitimité du chef de l’Etat, se contentant d’exprimer des doutes quant à la paternité de « certaines décisions » prises récemment par l’Exécutif.


Mais voilà, cette action a eu le don d’ irriter certains cercles au sommet de l’Etat. Et la réaction à cette démarche n’a pas tardé à se manifester. Le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, était le premier à charger, dès samedi 7 novembre, les initiateurs de cette démarche, notamment la patronne du Parti des travailleurs Louisa Hanoune.


Visiblement très remonté, il ira jusqu’à leur dénier  le droit de saisir le président ou de juger son bilan. Sur le même ton, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui a exprimé son étonnement  de voir des gens « qui n’ont pas les mêmes orientations idéologiques se réunir » faire cause commune. Ce déchainement de ces partis au pouvoir n’a pas tardé de susciter une réplique violente des initiateurs de la démarche.


En attendant la sortie médiatique de Louisa Hanoune, c’est l’ex-ministre de la culture, Khalida Toumi qui a répondu du tac au tac aux  chefs des deux partis au pouvoir. Ne mâchant pas ses mots, elle qualifie les détracteurs de la démarche des 19 de gesticulateurs tout en traitant Amar Saadani d’imposteur. « Cet individu, que j’ai l’honneur de ne pas connaitre, on a d’abord envie de lui dire : de quoi je me mêle ? Car ce n’est pas à lui que la demande d’audience a été adressée », souligne-t-elle.


L’ex-ministre estime qu’Amar Saadani a assassiné le FLN historique. « Il ne fait pas la différence entre une demande d’audience et une visite. C’est un scandale que le secrétaire général du FLN ignore que parmi les 19 personnalités figurent des moudjahiddines qui ont libéré le pays », lance-t-elle. Ahmed Ouyahia a eu lui aussi pour son grade en se voyant traiter par la militante de la cause de la femme de quelqu’un qui « n’a jamais milité de sa vie ».   


 


Sellal se mêle


Alors que la polémique ne cesse d’enfler, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal met lui aussi son grain de sel. Sans citer la démarche des 19, il reprend les mêmes arguments que ceux du FLN et du RND pour la dénoncer.


« Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, supervise quotidiennement et pas à pas l'exécution de son programme, que  le peuple a pleinement cautionné », affirme-t-il en marge de sa visite, aujourd’hui, dans la wilaya de Blida. « Telle est, en effet, notre feuille de route que nous respectons scrupuleusement  et appliquons pas à pas sous la supervision directe et quotidienne de son Excellence le président de la République, seul et unique garant de la pérennité de l'Etat  en vertu de la Constitution », soutient-il.


Démontant un des arguments des 19 personnalités,  il assure que  le gouvernement n’a pas abandonné le droit de préemption. Selon lui, le Président est « la seule garantie constitutionnelle pour la continuité de l’État et sa stabilité », invitant ainsi ceux qui convoitent le poste de président à « patienter jusqu’en 2019 ».


Yacine Ouchikh


 


 

Yacine Ouchikh