Classement RSF de la liberté de la presse : la Tunisie désormais au 121e rang

 Classement RSF de la liberté de la presse : la Tunisie désormais au 121e rang

Le monde arabe oscille toujours globalement entre le rouge et l’orange

En ce jour du 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse depuis que l’Assemblée générale des Nations Unies l’ai décrété en 1993, Reporters sans frontières (RSF) vient de publier son traditionnel classement mondial de la liberté de la presse « RSF index ». La Tunisie y dégringole de 27 places, poursuivant ainsi sa rapide descente aux confins de ce classement pour la deuxième année consécutive.

Il semble déjà loin le temps où le pays progressait de 25 places pour se hisser à la 72ème place en 2019, occupant à l’époque la première position dans le Maghreb et le monde arabe, ce dont se prévalait le pouvoir alors sous gouvernement Youssef Chahed. Dans l’édition de l’an dernier du même classement, la Tunisie perdait déjà 21 places en 2022, une chute que RSF attribuait au « coup de force du président Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021 ».

Mais aujourd’hui la Tunisie occupe dorénavant le 121e rang sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse, basculant dans le dernier tiers, celui des pays en queue de peloton mondial. Elle perd ainsi 27 places par rapport au classement de 2022 et quitte le groupe des pays dont la situation est « problématique » pour celui où la conjoncture est qualifiée de « difficile » par RSF.

 

« Une chute qui donne le vertige »

Entre 2021 et 2023, la Tunisie aura donc dévissé au total de 48 places, une régression d’une ampleur inédite depuis la chute de l’ancien régime de Zine El Abidine Ben Ali en 2011, selon la même source qui insiste sur ce fait. L’ONG Reporters sans frontières dénonce en effet « les attaques contre les acquis de la liberté de la presse arrachés après la révolution de 2011 » :

« L’amendement constitutionnel de juillet 2022, dotant le président de larges pouvoirs législatifs au détriment des contre-pouvoirs qui existaient jusque-là, a mis en péril la séparation des pouvoirs et fait peser une lourde menace sur les acquis de la révolution tunisienne en matière de liberté de la presse. L’affaiblissement de l’indépendance du pouvoir judiciaire fait craindre que son interprétation des restrictions serve des intérêts politiques sous couvert de prétendus impératifs sécuritaires ».

Citant le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), RSF indique que 257 journalistes ont été agressés entre mai 2022 et avril 2023, tandis que 17 sont actuellement poursuivis en dehors du cadre du droit de la presse. Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord, dénonçait fin mars à ce titre « une régression inacceptable » et exhorté le président Kaïs Saïed à « ne pas laisser replonger le pays dans la période noire de Ben Ali ».

Au classement régional, « la région Maghreb/Moyen-Orient reste la plus dangereuse pour les journalistes », souligne enfin RSF dans son rapport qui classe la France au 24e rang, en progression de deux places. A la 105e place en 2023, c’est le Qatar qui occupe à présent la meilleure place dans le monde arabe, en nette progression de 14 places. Quatre pays du top 5 sont des pays scandinaves.

 

Seif Soudani