La Tunisie chute au classement mondial de la liberté de la presse

 La Tunisie chute au classement mondial de la liberté de la presse

Accrochage entre des policiers et des journalistes de la TAP manifestant contre la nomination d’un nouveau PDG devant le siège de l’agence, le 13 avril 2021. Les journalistes protestataires considèrent le nouveau nommé Kamel Ben Younis trop proche du parti islamiste Ennahda et voient sa désignation comme une tentative du gouvernement de contrôler la presse. Fethi Belaid / AFP

Le cru 2021 du classement mondial de la liberté de la presse est celui de la « polarisation », selon RSF. Si la situation globale n’est guère brillante, certains pays se distinguent. Ainsi, la Tunisie, quelque temps considéré comme un havre pour la liberté de la presse, chute lourdement à la suite du coup d’État de Kais Saied en juillet 2021.

La 20e édition du Classement mondial de la liberté de la presse de Reporter Sans Frontières (RSF) dévoile « les effets désastreux du chaos informationnel », selon l’ONG. Une situation qu’a favorisée un « espace numérique globalisé et dérégulé ». Terrain idéal pour « les fausses informations et la propagande ».

Ces dernières n’ont jamais été aussi nombreuses. Elles sont le fruit de ce que RSF qualifie de « double polarisation » de l’information. On assiste en effet à une « polarisation des médias entraînant des fractures à l’intérieur des pays et une polarisation entre les États sur le plan international ».

Sans surprise, la situation de la région MENA reste préoccupante en matière de liberté des journalistes. On y retrouve quelques-uns des plus mauvais élèves en la matière. Irak (172e), Syrie (171e), Palestine (170e), ou encore Égypte (168e) stagnent en bas du classement. La Palestine perd même 36 places par rapport à l’année dernière.

 

Manifestation pour la liberté de la presse à Tunis

À l’opposé, la Tunisie semble tirer son épingle du jeu avec sa 94e place. Soit la première du monde arabe. Mais, cette relative bonne position masque de « graves inquiétudes », pour RSF. Le pays perd d’ailleurs 21 places en un an, après en avoir gagné 25 l’an passé. Une chute que RSF au « coup de force du président Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021 ».

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C’est d’ailleurs pour défendre cet acquis de la révolution que les journalistes tunisiens ont manifesté ce 5 mai, au lendemain de la parution du classement. Sous le slogan « la liberté de la presse en Tunisie fait face à un danger imminent », des dizaines d’entre eux ont parcouru les rues de la capitale.

« Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2019, le palais de Carthage ne reçoit plus les journalistes malgré les protestations du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). L’interdiction de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) de cumuler des responsabilités politiques et de posséder un média est ignorée par nombre de patrons de presse », rappelle RSF dans un communiqué.

Rached Cherif