Confusion autour des procédures d’octroi du prêt du FMI à la Tunisie

 Confusion autour des procédures d’octroi du prêt du FMI à la Tunisie

De nombreuses sources ont ces derniers mois affirmé que le Fonds monétaire international considère que la signature du gouvernement Najla Bouden n’engageait plus le pays, exigeant celle du président de la République, Kais Saïed. Le 24 janvier, le Palais de Carthage est sorti de son silence et a infirmé ces dires.

Le chef de l’Etat n’aurait signé aucun document en rapport avec les négociations avec le FMI. C’est en tout cas ce qu’a affirmé mardi une source de la présidence de la République. Une précision qui intervient suite à des déclarations faites plus tôt dans la journée, cette fois par l’ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan, concernant la participation de la délégation tunisienne au Forum économique mondial de Davos en Suisse. Hassen y affirme que la délégation a présenté aux responsables du FMI un dossier qui comporte une lettre d’intention signée par le chef de l’Etat.

Selon Mohsen Hassan, le FMI avait exigé du président Saïed et du gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abassi, de signer une lettre attestant de l’engagement de la Tunisie à mener des réformes économiques, dont une partie est déjà inscrite dans la loi de finances 2023.

De nombreuses voix se sont aussitôt levées pour fustiger le fait que Carthage ne daigne pas communiquer avec les Tunisiens autour des coulisses des négociations toujours en cours avec le FMI, qui pourtant les concernent au premier chef, et que ce soit via un ancien ministre retombé dans l’anonymat que l’on apprend ce type d’info capitales pour l’avenir de la Tunisie.

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« Une photo qui ne veut rien dire »

Rappelons qu’une délégation tunisienne conduite par la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a participé, du 17 au 19 janvier 2023, aux travaux du Forum économique mondial de Davos. A l’issue de son entretien avec la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, en marge de ce forum, la cheffe du gouvernement avait qualifié l’entrevue de « positive », dans la mesure où la première responsable avait souligné que l’institution financière internationale reste « un partenaire solide de la Tunisie ».

Une photo en particulier (ci-dessus), montrant une chaleureuse accolade entre les deux femmes, a été interprétée par les pro Saïed comme une preuve du déblocage de la situation. « C’est aller vite en besogne, notre cheffe du gouvernement peut poser avec qui elle veut, tout sourire, cela ne veut strictement rien dire ! », a notamment commenté l’éditorialiste Adnane Belhadjamor.

Kristalina Georgieva a ceci dit réitéré son soutien au processus de négociations entre la Tunisie et le FMI, en vue de conclure un accord de financement d’environ 1,9 milliard de dollars destiné à soutenir les politiques économiques de la Tunisie.

Le 15 octobre 2022, le Fonds monétaire international, un des principaux bailleurs de fonds international du pays et les autorités tunisiennes sont parvenus à un accord au niveau des experts. La validation finale de cet accord devait se faire au niveau du conseil d’administration du fonds, en décembre 2022, mais le fonds l’a subitement déprogrammé de son calendrier.

En visite le 18 janvier à l’hôpital de la Rabta à Tunis en cours de rénovation, le président Saïed a lancé  (4ème minute) : « le FMI devrait savoir que la Santé n’a pas de prix », insinuant que les tergiversations du Fonds nuisent à la dignité humaine. Selon une certaine répartition des rôles, c’est Najla Bouden qui est chargée du volet technique des négociations avec le FMI, tandis que Kais Saïed, qui tient à apparaître comme le président de la Tunisie d’en bas, persiste dans ses sorties aux tonalités souverainistes et altermondialistes.

 

Seif Soudani