Coronavirus. Pandémie quand tu nous tiens !

 Coronavirus. Pandémie quand tu nous tiens !

La lutte contre le coronavirus se poursuit, avec la progression annoncée de l’épidémie du Covid-19, en ce mois de juillet 2022 … Lilian Cazabet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Serions-nous définitivement immunisés contre la peur ? Rien n’est moins sûr, les chiffres de la pandémie de Coronavirus explosent et on nous promet l’enfer pour l’après-fête de l’Aïd El Adha.

 

Les chiffres repartent vraiment à la hausse et cette explosion nous fait craindre une nouvelle flambée de peurs, peur panique de la contagion, peur irrationnelle de mourir ou de perdre un être cher et peur de l’autre, cet autre proche et désormais si lointain.

Hier, les politiques trop contents d’avoir entre les mains une arme de destruction massive ont usé à satiété de mesures drastiques telles que la quarantaine, la distanciation sociale, avant de décréter définitivement l’acte de décès de la vie publique afin (disent-ils) d’éviter l’effondrement du système de santé dû à la propagation rapide de la maladie.

Même l’enterrement d’un être aimé se faisait sans présence de la famille et personne ne pouvait assister aux cérémonies religieuses. Le Covid-19 a eu un impact terrible sur le bien-être psychologique de la population. La phobie de la maladie, l’isolement et les inquiétudes existentielles au sens étroit et large du terme ont fleuri.

La désignation de l’ennemi a été élargie aux proches, alors qu’avant l’ennemi était l’inconnu, celui dont on ne peut deviner les intentions, aujourd’hui l’ennemi, c’est le frère qui peut être porteur de virus, l’ami ou même l’épouse.

Bien sûr on vient de traverser une épreuve collective sans précédent mais si la crise sanitaire a été l’événement majeur de ces deux dernières années, l’avenir devrait nous imposer d’oublier au plus vite ce traumatisme, non pas dans une espèce de déni, mais juste pour regarder en face ce qui nous arrive et décréter que la vie est plus forte que la mort, que les valeurs de coexistence, de famille, de fraternité sont plus fortes que toutes les peurs possibles et imaginables.

Ces gens terrés chez eux depuis la première salve du coronavirus sont dignes de pitié, comment croire que l’on peut se protéger indéfiniment en se coupant des autres, en évitant ce contact qui est au cœur de notre existence ? Pouvoir donner l’accolade, pouvoir recevoir des personnes, pouvoir rendre visite à l’autre, c’est exister aux yeux d’autrui, c’est avoir une valeur et une utilité, c’est tout simplement être vivant. C’est une condition sine qua non de la citoyenneté sociale.

Notre destin n’a jamais aussi commun, aussi planétaire et disons le tout haut : nous n’avions pas besoin de la pandémie pour encenser le règne de l’individualisme, le quant-à-soi et l’égoïsme. Nous avions déjà décrété la mort des solidarités, de la reconnaissance d’autrui en tant qu’être digne de respect quelque soit sa situation sociale, la perte de la main tendue. Il est de plus en plus rare de voir des Marocains se précipiter pour aider une personne en détresse, on préfère mieux appeler les pompiers, tapi derrière son smartphone dernier cri.

Or, pour que le coronavirus ait servi à quelque chose, il faut que ce malheur collectif réveille en nous le sentiment que nous appartenons tous à une communauté de destin. Après tout « c’est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort », comme le pensait si bien Épicure.

Je ne suis pas tellement d’accord avec Abdennour Bidar quand il se désole que la pandémie ait disparu du débat public, même si on peut lui concéder que le coronavirus a bien démontré le recul des libertés lors de la fameuse crise décrétant que la « démocratie était bien en danger ».

Si le philosophe appelle les citoyens à ouvrir un grand débat sur les deux années que nous venons de traverser, on peut lui rétorquer que des gens qui ont vécu des situations de détresse, de souffrance terribles veuillent tourner rapidement la page pour essayer d’oublier au plus vite ce traumatisme.

Un bon journaliste ne devrait pas porter d’œillères idéologiques, il est constamment à la recherche d’informations pour les communiquer de manière à ce que les lecteurs comprennent le monde, ayant une compréhension profonde des processus politiques, avec l’accès à de multiples sources pour chaque information. Or sur la pandémie, les médias sont devenus imbattables en désinformation, au point où la télévision est aujourd’hui l’endroit où l’on profère le plus de mensonges, sur les vaccins, sur le taux de contagion, la mortalité, le port du masque etc…

 

Abdellatif El Azizi