La culture du palmier dattier entre au patrimoine de l’UNESCO

 La culture du palmier dattier entre au patrimoine de l’UNESCO


La culture du palmier dattier, inscrit mercredi sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, a joué un rôle crucial dans le développement des civilisations des régions chaudes et arides du monde arabe.


Omniprésent de l’Océan atlantique à l’Océan indien, le palmier dattier a prospéré sous ces latitudes hostiles grâce à des racines pénétrant profondément dans le sol. Pendant des millénaires, et encore souvent aujourd’hui, il a été non seulement une source de nourriture, mais aussi matériau de construction, matière première pour la vie quotidienne et production commerciale.


« Le palmier dattier, les connaissances, les compétences, les traditions et les pratiques (qui y sont liés, NDLR) ont joué un rôle central pour renforcer les liens entre les gens et la terre des régions arabes, leur permettant de mieux affronter les défis de ce dur environnement désertique », a estimé l’UNESCO dans un communiqué publié sur son site. La demande d’inscrire « les connaissances, savoir-faire, traditions et pratiques associés au palmier dattier » a été retenue par l’organisme parmi 41 autres demandes.


« Les peuples des États soumissionnaires sont liés au palmier dattier depuis des siècles étant donné qu’il les a aidés à construire leur civilisation », ont assuré les 14 pays arabes ayant présenté cette candidature (Bahreïn, Égypte, Irak, Jordanie, Koweït, Mauritanie, Maroc, Oman, Palestine, Arabie Saoudite, Soudan, Tunisie, Émirats arabes unis et Yémen).


« Les recherches historiques et les différentes fouilles entreprises ont révélé le statut culturel et économique majeur de cette plante dans de nombreuses régions et civilisations comme la Mésopotamie, le Golfe arabique et l’Égypte antique », ont-ils ajouté.


Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le palmier dattier est probablement le plus ancien l’arbre cultivé. Dès 4000 av. J.-C., il a été cultivé par les hommes. Près de la cité antique d’Our en Mésopotamie, dans l’actuel sud de l’Irak, il a même servi à construire un temple pour le dieu de la Lune.


Toutes les parties du palmier dattier sont encore utilisées dans certaines régions pour s’abriter ou pour fabriquer toute une gamme de produits, y compris de l’artisanat, des nattes, des cordes et du mobilier. Les palmeraies offrent en outre l’un des habitats les plus adaptés au climat chaud et aride où elles permettent le développement d’une agriculture à l’ombre des arbres.


 


Une culture millénaire toujours vivante


Les nombreuses variétés de dattes figurent parmi les aliments quotidiens des pays arabes. Des plateaux garnis de ce fruit très sucré ornent les tables du monde arabe, où le palmier dattier a toujours symbolisé la prospérité. Et servir des dattes pour accompagner le café ou le thé demeure une marque d’hospitalité.


Associée à l’Islam, vendue à des prix variables selon le cultivateur et l’origine géographique, la datte, seule, fourrée ou même transformées sous différentes formes, est également omniprésente durant les fêtes religieuses, notamment auprès des diasporas arabes à travers le monde.


La Tunisie est ainsi le premier exportateur (en valeur) de dattes avec près d’un quart du marché mondial en 2015. L’Inde est le premier importateur, devant le Maroc qui a perdu l’essentiel de ses palmeraies au 19e siècle, lorsqu’une épidémie a ravagé plus de dix millions de palmiers. La France est le premier importateur européen et le troisième mondial.


Mais cette culture ancestrale est confrontée à de nombreux défis : les pays du Golfe se battent ainsi avec acharnement pour éradiquer le charançon rouge, originaire d’Asie et détecté pour la première fois dans la région dans les années 1980. Cet insecte, qui mesure à peine quelques centimètres, produit des larves qui se nourrissent du tronc des palmiers et tuent les arbres.

Rached Cherif