Élisabeth Borne à Alger pour concrétiser la réconciliation

 Élisabeth Borne à Alger pour concrétiser la réconciliation

La première ministre Elisabeth Borne se rend à Alger pour confirmer la réconciliation amorcée par les deux président en aout 2022. Ludovic MARIN / AFP

La Première ministre Élisabeth Borne sera à Alger ce dimanche pour une visite de deux jours. Objectif : concrétiser la réconciliation scellée par Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune en dernier. La jeunesse, l’économie, la transition énergétique et la coopération sont également au menu du déplacement.

Au terme d’une visite de trois jours du chef de l’État français en Algérie en aout, les deux présidents avaient amorcé une réconciliation après des mois de brouille diplomatique. Quelques semaines plus tard, c’est la cheffe de l’exécutif français qui est envoyée en Algérie pour poursuivre sur cette lancée.

Le programme de la visite se veut donc consensuel et devrait éviter d’aborder les questions qui fâchent, telles que l’immigration ou la question mémorielle. La question d’une augmentation des livraisons de gaz algérien à la France, dans le contexte de la raréfaction du gaz russe en Europe, ne sera « pas à l’ordre du jour » non plus, selon Matignon.

 

16 ministres

Pour accompagner Mme Borne, pas moins de 16 ministres feront le déplacement, dont ceux de l’Intérieur et de l’Économie, ainsi que bon nombre de chefs d’entreprises. Cette visite vise à concrétiser la « Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé », signée par les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune.

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« Emmanuel Macron a déblayé le chemin et le temps est propice à ce genre de coopération. Aujourd’hui, on est à un tournant de la relation, on a besoin d’une certaine durabilité », dit à l’AFP Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève. « Le pari du président français est de gagner la confiance des Algériens en avançant dans des dossiers qui ne constituent pas de grandes difficultés pour les deux parties pour finalement s’attaquer aux sujets difficiles, comme la question migratoire », ajoute le chercheur.

 

Assouplissement du régime de visas

Les présidents des deux pays avaient fin août ouvert la voie à un assouplissement du régime de visas accordés à l’Algérie, pour les étudiants, entrepreneurs, scientifiques, sportifs ou artistes, en échange d’une coopération accrue d’Alger dans la lutte contre l’immigration illégale. Mais « les discussions n’ont pas encore abouti au moment où on se parle », a indiqué jeudi Matignon.

La question des visas a empoisonné la relation bilatérale ces derniers mois après une division par deux de leur nombre par la France pour l’Algérie, jugée pas assez prompte à réadmettre ses ressortissants expulsés de France. Fin août, Paris avait relevé toutefois une hausse du nombre de réadmissions en Algérie et dit espérer une « levée » prochaine des derniers « blocages ».

Si la question mémorielle n’est pas au menu, la cheffe du gouvernement français ira toutefois déposer, à son arrivée et comme c’est la tradition, une gerbe au Monument des Martyrs, haut lieu de la mémoire algérienne de la guerre d’Indépendance (1954-1962) face à la France. Elle se rendra ensuite au cimetière Saint-Eugène à Alger, où reposent nombre de Français nés en Algérie.

Pendant sa visite, Mme Borne présidera avec son homologue algérien Aïmene Benabderrahmane le cinquième Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN). La dernière édition de ce format d’échange remonte à 2017. Les deux pays devraient en profiter pour signer des accords dans les champs de la formation, de la transition énergétique, de la coopération économique, de la jeunesse et de l’éducation, mais aussi sur des projets plus régaliens. Les ministres Bruno Le Maire (Économie), Gérald Darmanin (Intérieur) Catherine Colonna (Affaires étrangères) Eric Dupond-Moretti (Justice), Olivier Dussopt (Travail), et Pap Ndiaye (Éducation) seront notamment du voyage.

Rached Cherif