La Cour suprême donne tort à Abercrombie pour avoir refusé d’embaucher une femme voilée

 La Cour suprême donne tort à Abercrombie pour avoir refusé d’embaucher une femme voilée

Samantha Elauf – AFP


 


On ne plaisante pas avec le voile aux Etats-Unis! La Cour suprême a infligé un camouflet à la marque "branchée" de prêt-à-porter Abercrombie, connue pour ses vendeuses "sexy", en fustigeant ce lundi 1er juin son refus d'embaucher une femme voilée. Dans une décision quasi-unanime, de huit juges sur neuf, la plus haute instance du pays a tranché en faveur d'une jeune musulmane que l'enseigne très prisée des adolescents Abercrombie & Fitch (A&F) avait refusé de recruter comme vendeuse car elle portait un foulard sur la tête.


 


La haute Cour a jugé que la discrimination religieuse à l'embauche n'était pas tolérable, même quand le postulant ne fait pas explicitement une demande d'aménagement du règlement. Depuis l'audience du 25 février, Abercrombie, sentant probablement le vent tourner, a renoncé à ses mannequins aux torses nus et aux abdos saillants et a décidé de ne plus appeler ses vendeurs des "mannequins": ils sont maintenant des "représentants de la marque".


 


Dès l'audience, la haute Cour s'était montrée favorable aux droits de Samantha Elauf, qui à 17 ans portait un foulard noir lors d'un entretien de recrutement mais s'était vu refuser le poste de vendeuse, dans une boutique Abercrombie pour enfants de Tulsa, en Oklahoma (sud).


D'un côté, Abercrombie arguait que la candidate n'avait pas mentionné sa confession ni demandé explicitement d'aménagement de sa politique vestimentaire en fonction de sa religion. De l'autre, la jeune fille, défendue par l'Agence gouvernementale pour l'égalité devant l'emploi (EEOC), affirmait qu'Abercrombie ne pouvait pas ignorer qu'elle était musulmane et aurait dû lui demander si elle était prête à s'adapter. Elle avait obtenu 20.000 dollars de dommages et intérêts en première instance, mais avait été déboutée en appel


 


"La pratique religieuse d'un employé ne doit pas être une raison pour un employeur de refuser l'embauche", a fustigé le juge Scalia, en présentant oralement la décision quasi-unanime. Peu importe que la décision "provienne d'une connaissance réelle, d'un soupçon bien fondé ou d'un simple pressentiment", a ajouté le juge conservateur connu pour son franc-parler.


Aux Etats-Unis, la loi interdit la discrimination religieuse à l'embauche, sauf si l'employeur démontre qu'il ne peut pas "aménager raisonnablement" son activité pour la conformer à une pratique religieuse.


 


Avec AFP


 


Nadir Dendoune

Nadir Dendoune