Exposition « Prier dans le lieu de l’autre » de Manoël Pénicaud

 Exposition « Prier dans le lieu de l’autre » de Manoël Pénicaud

Fréquentation des mêmes sanctuaires par des fidèles de religions différentes

La galerie 121 – 121, à Casablanca, abrite l’exposition photographique « Prier dans le lieu de l’autre » de Manoël Pénicaud, du 08 au 31 mars 2023.

 

C’est une exposition-événement organisée par L’institut français de Casablanca, à une époque où grandit la méfiance voire la peur de l’autre, particulièrement vis-à-vis de la religion de l’autre. Cette exposition photographique se veut un regard différent porté sur les interactions interreligieuses autour de la Méditerranée. Un lieu riche et complexe où s’enchevêtrent les nombreuses branches des trois religions monothéistes : islam, judaïsme et christianisme.

Sans nier les conflits qui les opposent parfois, l’objectif est de faire connaître le phénomène de la fréquentation des mêmes sanctuaires par des fidèles de religions différentes. CDes croisements qui sont communs dans les pays dits « orientaux », du Maroc au Moyen-Orient. C’est aussi le cas des Balkans qui ont été durablement marqués par l’empreinte de l’Empire Ottoman dont l’une des caractéristiques était de garantir la liberté de culte aux minorités religieuses.

Fruit de plusieurs années d’enquêtes anthropologiques, cette série photographique de Manoël Pénicaud fait découvrir au public des lieux sacrés où se déploie une hospitalité de l’« autre religieux », entre à la fois celui qui est reçu et celui qui reçoit. Des pratiques qui s’inscrivent dans une tradition tolérante abrahamique, Abraham/Ibrahim. Le prophète qui a reçu sous sa tente – selon la Bible et le Coran – trois mystérieux visiteurs considérés comme des anges. Des situations toutefois fragiles et sans cesse menacées par l’hostilité envers l’autre qui est la négation de l’hospitalité interreligieuse.

Invitant chacun à faire un pas de côté par rapport à ses propres croyances, l’exposition se présente comme une pérégrination en images autour d’une Méditerranée cheminant d’un lieu saint à l’autre. On y découvre des visages d’hommes et de femmes, des rites et des lieux de pèlerinage qui résonnent entre eux, parfois à des milliers de kilomètres de distance.

Photographies publiées par Le Courrier de l’Atlas

Le maitre d’œuvre est Manoël Pénicaud. Né en 1978, il est anthropologue et membre de l’Institut d’ethnologie méditerranéenne européenne et comparative. Il est aussi photographe, documentariste et commissaire d’expositions. Ses travaux s’inscrivent dans le champs de recherche de l’anthropologie des pèlerinages, du culte des saints, des relations interreligieuses dans l’espace euro-méditerranéen, du dialogue des religions et plus précisément des questions de l’hospitalité de l’ « altérité religieuse ».

Son regard photographique s’inscrit dans le sillage de l’exposition Lieux saints partagés dont il est l’un des commissaires et dont différentes versions ont été successivement présentées au Mucem à Marseille (2015), au Musée du Bardo à Tunis (2016), au Musée national de la Photographie à Thessalonique (2017), au Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris (2017), à Dar el-Bacha-Musée des Confluences à Marrakech (2017-2018), à la New York Public Library (2018), à Depo à Istanbul (2019), à CerModern à Ankara (2021).

Ses photographies ont été régulièrement publiées dans la presse, notamment par Le Courrier de l’Atlas, Le Monde des Religions, La Vie, L’Œil, Le Monde de la Bible, Télérama, Le Temps, Pèlerin, Qantara. Quoi de mieux pour célébrer la tolérance entre tous.

>> Lire aussi :Essaouira se mobilise pour la paix

Mishka Gharbi