Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats, cible de l’assaut de Saint-Denis

 Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats, cible de l’assaut de Saint-Denis

Les forces de l’ordre ont lancé mercredi matin un assaut contre la planque supposée de terroristes impliqués dans les attentats de Paris (illustration). Jean-Christophe Magnenet/AFP


Abdelhamid Abaaoud est l'organisateur présumé des attentats du 13 novembre. Cible de l'assaut mené par les policiers d’élite mercredi matin au nord de Paris, Abaaoud est un jihadiste belge de 28 ans devenu un membre très actif du groupe État islamique (EI) en Syrie, d'où il nargue les polices européennes depuis des années.


 


Un des piliers de l’EI en Europe


Né en 1987 dans la commune bruxelloise de Molenbeek, il se fait appeler Abou Omar Soussi, du nom de la région du sud-ouest du Maroc dont sa famille est originaire, ou Abou Omar al-Baljiki (« le Belge »). Les enquêteurs français et belges voient en lui l'organisateur présumé des tueries de Paris qui ont fait vendredi 129 morts et 352 blessés et ont été revendiquées par l'État islamique. C’est lui que les forces de police ciblaient en menant l’assaut mercredi matin à Saint-Denis.


Le suspect-clé dans ces attaques, Salah Abdeslam, qui a de fortes attaches lui aussi à Molenbeek et qui est activement recherché, ainsi que son frère Brahim, qui s'est fait exploser dans l'Est parisien, connaissaient Abaaoud. Ils apparaissent tous les trois dans des dossiers criminels de droit commun en Belgique.


« Abou Omar al-Baljiki » avait déjà fait la une des journaux belges début 2014 après avoir emmené en Syrie son petit frère Younes, 13 ans, surnommé « le plus jeune jihadiste du monde » par certains médias. Il aurait rejoint d'autres combattants belges, rassemblés dans une brigade d'élite de l'EI. Il apparaît, fine barbe et bonnet de style afghan sur la tête, dans une vidéo de l'EI où il se vante de commettre des atrocités, s'adressant goguenard à la caméra au volant d'un véhicule qui tire des cadavres mutilés vers une fosse commune.


 


Enfant d’une famille de la classe moyenne issue de l’immigration


Il a le profil d'un individu de la « classe moyenne », a souligné mardi le quotidien flamand De Morgen. Selon le journal, le jeune homme avait été envoyé par son père, commerçant, dans un collège chic de la commune résidentielle d'Uccle, dans le sud de Bruxelles. « Nous avions une belle vie, oui, même une vie fantastique ici. Abdelhamid n’était pas un enfant difficile et c'était devenu un bon commerçant. Mais tout à coup, il est parti pour la Syrie. Je me suis demandé tous les jours pour quelle raison il s'est radicalisé à ce point. », avait déclaré en janvier son père.


« Abdelhamid a jeté la honte sur notre famille. Nos vies sont détruites », avait également expliqué M. Abaaoud père. « Pourquoi, au nom de Dieu, voudrait-il tuer des Belges innocents ? Notre famille doit tout à ce pays », se lamentait-il, ajoutant qu'il ne « pardonnerait jamais » à Abdelhamid d'avoir « embrigadé » son jeune frère Younes.


Début février, Abaaoud a revendiqué avoir « planifié » des attentats déjoués de justesse par la police belge. « Nous avons finalement réussi à rejoindre la Belgique. Nous avons alors réussi à obtenir des armes et à établir une planque tout en planifiant de mener des opérations contre les +croisés+ », se vantait-il dans le magazine de l’EI, Dabiq. En juillet, Abdelhamid Abaaoud a été condamné à Bruxelles, en son absence, à 20 ans de prison dans un procès sur les filières de recrutement de jihadistes belges pour la Syrie.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif