Des migrants issus du campement de La Chapelle délogés de devant l’église Saint-Bernard

 Des migrants issus du campement de La Chapelle délogés de devant l’église Saint-Bernard

Malgré les promesses


Plusieurs dizaines de migrants qui s'étaient installés devant l'église Saint-Bernard, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, ont été évacués par les forces de l'ordre. Les associations et certains élus de gauche ont critiqué la brièveté voire l'absence d'hébergement proposé aux migrants délogés plus tôt dans la semaine du boulevard de la Chapelle.


 


La police évacue le parvis de l'église Saint-Bernard


Vers 16 h, gendarmes mobiles et policiers ont raccompagné dans un climat confus les migrants, par petits groupes de trois ou quatre, à l'intérieur de la station de métro La Chapelle. Aucune interpellation n'a eu lieu, a-t-on indiqué de source policière, en précisant qu'il s'agissait d'une éviction avec accompagnement au métro.


Mais, une heure après le début de l'opération, la station de métro a commencé à être évacuée et plusieurs dizaines de migrants en ressortaient accompagnés par les gendarmes mobiles, a-t-on constaté. L'opération se déroulait sous les cris de « solidarité avec les réfugiés » lancés par des militants associatifs présents sur place.


 


Dispersion des sans-papiers


« Les gendarmes sont arrivés » place Saint-Bernard, « ils ont encerclé le quartier, ont fait entrer les gens dans le square » en face de l'église, a indiqué l'un d'entre eux qui n'a pas voulu donner son identité. La situation s'est tendue lorsque les migrants et des manifestants ont investi la chaussée, où certains ont été pris à partie par des automobilistes furieux de voir la circulation bloquée.


À la suite de cette altercation, un migrant a été menotté et emmené par les gendarmes mobiles. « Ils les ont dispersés pour qu'il n'y ait pas de groupe, de solidarité, c'est honteux », a affirmé Charlotte Trilleaud, une riveraine. « Le but, c'est de disperser le problème, qu'il n'y ait surtout pas de campement visible. Ils viennent pour vivre normalement, pour travailler, il faut les laisser circuler », s'est indigné Dante Bassino, adjoint PCF en charge du logement du 10e arrondissement.


 


Peu d’hébergement malgré les engagements pris


À l'issue de l'opération, les migrants n'étaient plus présents sur place. Une dizaine de matelas avaient été entassés et des associatifs rangeaient l'eau et les vivres qu'ils avaient préparés à leur intention. Selon un militant, les migrants étaient une centaine dans le square, et jusqu'à 250 jeudi dans la soirée sur la place où une distribution de vivres avait été organisée.


Ce regroupement s'était constitué peu après l'évacuation mardi par la police du campement de La Chapelle, où des Soudanais et Érythréens s'entassaient depuis des mois dans des conditions indignes, alors que les pouvoirs publics avaient assuré chacun se verrait pris en charge en fonction de sa situation (demandeurs d'asile, familles avec enfants, clandestins…). Une partie des quelque 350 personnes du campement s'était retrouvée d'abord dans une salle associative puis sur le parvis de l'église Saint-Bernard, restée célèbre depuis son occupation par des sans-papiers en 1996.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif