« Donner la parole à ceux qu’on n’entend pas », Ouafa Mameche, fondatrice de la maison d’édition « Faces cachées »

 « Donner la parole à ceux qu’on n’entend pas », Ouafa Mameche, fondatrice de la maison d’édition « Faces cachées »

Ce samedi 10 octobre à 19h30 aura lieu une séance de « Je suis »


 


Un jour, un sage a dit à Ouafa Mameche : « Il y a ceux qui font, ceux qui regardent les premiers faire et ceux qui critiquent les personnes qui font et qui regardent. Les troisièmes sont les pires ». Ouafa fait définitivement partie de la première catégorie. En juin dernier, elle a lancé sa maison d’édition. Avec "Faces cachées", Ouafa Mameche, 25 ans, arrivée en France à l'âge de 8 ans de Blida, compte bien donner la parole à ceux qu'on n'entend pas. Rencontre.


 


LCDL : Vous vous êtes réveillée un jour et vous avez décidé de créer une boîte d’édition?


Ouafa Mameche : Non… Ça fait un bout de temps que ça me travaille. J’ai toujours aimé les livres. J’ai toujours lu. Je lis un peu de tout : des livres universitaires, des essais, des romans, des bouquins d’histoires, comme des livres parlant de musique. J'ai fini il y a quelques mois un Master en édition donc logiquement je me suis lancé. Je me suis lancée parce qu'il y a certains ouvrages que j'aimerais voir publier. Avec "Faces Cachées", j'ai envie de donner la parole à des gens qu'on n'entend nulle part, de mettre en avant des auteurs aux parcours singuliers. Nous avons pour ambition également de vulgariser mais aussi de développer la littérature auprès des jeunes en leur offrant des livres dont les thèmes leur parlent, démocratiser et intellectualiser certains de ces thèmes « urbains » et méconnus.


 


C'est ce que vous venez de faire avec votre premier livre ?


Exactement. Rien que la couverture de "Je suis" a été pour certains, pas pour moi !, osée.  De voir un Noir avec un drapeau bleu blanc rouge me semblait pourtant banal… Maintenant, sur le fond de ce livre, la parole est donnée à Bakary Sakho, un militant associatif du 19ème arrondissement. Dans son essai, il apporte un éclairage différent et propose des solutions innovantes pour les quartiers. Il a pu s'exprimer en totale liberté. J'aime bien la phrase de Bakary quand il dit : « Tous ceux qui arrivent à briser le plafond de verre doivent aider les autres ». On veut inciter d'autres à prendre la plume. 


 


Le début est plutôt prometteur …


C'est vrai que nous avons eu de bons retours avec ce premier ouvrage qui sort officiellement demain (NDLR: samedi 10 octobre). Un livre tiré à 2000 exemplaires et que nous espérons bien écouler. Mais ce qui est le plus encourageant c'est de voir qu'on est pris au sérieux. Certains se sont même étonnés de la qualité de l'ouvrage! Comme si nous n'étions pas capables de faire aussi bien que les autres. Et puis en quelques semaines, nous avons déjà reçu une vingtaine de manuscrits. Pour la première année, on espère en publier au moins 3. Et après, on verra …





"Faces Cachées" ce n'est pas qu'une maison d'édition …


Effectivement. La maison d’édition a été constituée en association.  Son objectif est de mutualiser les talents, créer des emplois et réinvestir les profits dans des projets solidaires. En plus de faire des livres positifs sur les quartiers et les sujets qui les entourent. Nous allons mettre aussi en place des ateliers d’écriture, offrir des stages dans l'édition, un domaine professionnel peu connu et pourquoi pas, nous l'espérons créer des vocations.


 


Propos recueillis par Nadir Dendoune


Ce samedi 10 octobre à 19h30 aura lieu une séance de "Je suis", le premier ouvrage de "Faces Cachées" à la Librairie des Orgues, 4, impasse de Joinville, Paris 19ème. 

Nadir Dendoune