Exposition « Paroles de femmes musulmanes » : « Une France beaucoup plus raciste et surtout islamophobe ! »

 Exposition « Paroles de femmes musulmanes » : « Une France beaucoup plus raciste et surtout islamophobe ! »


 


Quand les femmes musulmanes prennent la parole ! Dimanche prochain (30 octobre), l’association ALCIR (Association de lutte contre l'islamophobie et les racismes) organise le vernissage-brunch d’une exposition intitulée « Paroles de femmes musulmanes ». Ce travail composé d’une série de portraits a été réalisé par la photographe Nathalie Bardou et a vocation à créer la rencontre, à créer le dialogue. La photographe nous parle un peu plus de ce travail. 


 


LCDL : Comment s’est faite la connexion avec l’association ALCIR ? 


Nathalie Bardou  : Je suis une personne qui est assez engagée et notamment contre l'islamophobie. Je cherchais à me rapprocher d'une association locale parce que je crois beaucoup à l'action locale pour lutter contre l'islamophobie.


Ce projet là n'est pas mon projet, au départ c'est un projet collaboratif, associatif. L'idée venait de ces femmes qui voulaient s'exprimer et prendre la parole. Au début j'étais un peu exécutante, j'ai été recrutée en quelque sorte. Et après on a construit ce projet ensemble avec ma subjectivité, et elles, ce qu'elles avaient envie de dire. Et puis ce projet j'espère qu'il va tourner et prendre de plus en plus d'autonomie, parce que l'idée c'est aussi de continuer et de faire des portraits de plus de femmes justement, de produire plus de témoignages et d'avancer.


 


Quel est le message de cette série de portraits ?


Dimanche, une dizaine de portraits seront exposés. Ils ont déjà été exposés lors du meeting du 21 septembre que nous avions organisé à l'espace Confluences. Cette exposition c'est aussi l'occasion de se rencontrer. Les femmes musulmanes sont vraiment objectivées, déshumanisées, par des commentaires de personnes qui se présentent comme des défenseurs de la laïcité et du féminisme.


On a une image des femmes musulmanes et des femmes voilées qui est complètement en décalage par rapport à la réalité. En général, ces femmes-là sont les dernières interrogées. Et tout le monde en France aujourd'hui se fait une idée sur ce qu'est une femme voilée. C'est important que ces femmes-là prennent la parole et c'est pour ça que ça vient d'elles aussi, pour dire « voilà ce que nous sommes ».


Dans l'exposition, elles apparaissent vraiment dans leur diversité. Il y a une diversité de vécus qui sont complètement en décalage par rapport aux clichés qui sont véhiculés. Que ce soit des femmes voilées ou non, nous sommes complètement en décalage avec l'image qui est donnée et qui est vécue aujourd'hui dans notre société. Le but à terme est de déconstruire ces croyances erronées.


 


Qu’est-ce qui vous a poussée à embrasser cette cause ?


Ça fait partie de mon parcours de photographe et de journaliste. Je viens de l'écrit aussi. J'ai basculé vers la photo parce que j'avais aussi besoin de déconstruire certaines croyances et d'aller à la rencontre de l'autre. J'ai beaucoup voyagé, notamment dans les pays musulmans. J'ai vécu pendant des années au Pakistan et en Moyen-Orient, pour mon travail, je précise (rire).


Déconstruire est important pour être un citoyen et un journaliste éclairé. Je suis revenue en France, il y a deux ans et demi avec cette image d'une France beaucoup plus autoritaire et beaucoup plus raciste, on va le dire clairement, et surtout islamophobe.


Je ne suis pas musulmane mais il y a cette appellation politique de "Blanc", vous êtes chrétien et européen, donc vous n'êtes pas racisé, en gros je ne suis pas une femme racisée. Mais j'ai vraiment le sentiment très fort que cette islamophobie ou ce racisme, comme la négrophobie, sont des choses qui nous divisent, qui ne sont pas bonnes ni pour les racisés, ni pour les non-racisés. Il y a, à la fois, une démarche personnelle mais aussi une démarche d'ouverture de conscience.


 


Exposition « Paroles de femmes musulmanes », dimanche 30 octobre – 78, rue des Haies, 75020 Paris. De 11h à 14h.


Propos recueillis par F. Duhamel

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