Invitation de Marine Le Pen sur France2 : Cambadélis et Sarkozy saisissent le CSA

 Invitation de Marine Le Pen sur France2 : Cambadélis et Sarkozy saisissent le CSA

Pour apaiser la polémique


Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Cambadélis ont critiqué à l'unisson l'invitation de Marine Le Pen jeudi à Des Paroles et des Actes sur France 2. Depuis la révélation de l'invitation de celle qui est bien placée pour l'élection régionale en Nord-Pas de Calais-Picardie des 6 et 13 décembre, ses adversaires font tomber une pluie de critiques sur France 2 et interpellent le CSA.


 


Les candidats PS et LR appelés à la dernière minute


Pour « apaiser la polémique », France Télévisions a annoncé jeudi avoir invité, mercredi dans la soirée, Xavier Bertrand et Pierre de Saintignon à se joindre à Marine Le Pen en deuxième partie d'émission pour un débat, à égalité de parole, sur les régionales. De son côté, la patronne de l’extrême droite française s’est indignée de la « discourtoisie » de la chaîne qui a finalement annoncé tard la veille de l’émission la venue sur le plateau de ses adversaires aux régionales.


Après Xavier Bertrand, rival « Les Républicains » de Mme Le Pen, qui s'est indigné vendredi de ne pas avoir été invité pour lui porter la contradiction, après Pierre de Saintignon, son adversaire PS qui a saisi « en urgence » le CSA le même jour « pour non-respect du temps de parole » — sans cibler spécifiquement l'émission de la télévision publique –, ce sont les patrons respectifs des Républicains et du PS qui ont écrit au CSA.


Le premier secrétaire PS avait proposé à son homologue des Républicains de saisir de concert le CSA pour protester contre cette cinquième invitation sur 36 émissions de DPDA. M. Sarkozy a finalement téléphoné à Cambadélis. Dans l'entourage de l'ancien président de la République, on indique que MM. Sarkozy et Cambadélis « partagent la même analyse concernant cette affaire, c'est une violation manifeste de la règle républicaine de l'équité du temps de parole ». Mais ce seront finalement deux lettres, et non une conjointe, qui seront adressées au CSA et à France 2.


 


Action concertée inédite


Dans un courrier adressé au CSA, le directeur général des Républicains, Frédéric Péchenard, a critiqué France 2 qui, « à deux jours du début de la campagne offre une exposition médiatique de grande envergure à un candidat, tête de liste dans l'une de nos 13 régions ». « Qui peut soutenir la distinction artificielle entre le rôle de présidente du parti de Mme Le Pen et celui de candidate aux régionales pour justifier le bien-fondé d'une telle invitation ? », interroge encore ce proche de Nicolas Sarkozy


L'initiative conjointe a réjoui le FN, qui accuse perpétuellement le PS et les « Républicains » de collusion : « Cambadélis veut s'allier à Sarkozy devant le CSA. Ils le font déjà aux élections », a raillé Louis Aliot, vice-président du FN sur Twitter.


 


Égalité stricte du temps de parole dans les médias à partir du 26 octobre


Mercredi, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée, le Premier ministre Manuel Valls, interpellé par le porte-parole de LR, Sébastien Huyghe, a jugé « tout à fait légitime » de s'interroger sur cette nouvelle invitation de Marine Le Pen à l'émission politique phare sur France 2 tout en assurant privilégier le « débat ».


Même si l'obligation d'équité entre les candidats ne débute qu’avec la campagne officielle le 26 octobre, le CSA a appelé mercredi les télévisions qui reçoivent des personnalités politiques « fortement impliquées » dans la campagne des régionales à donner « dès à présent » la parole à leurs concurrents.


Le temps d'antenne du FN est monopolisé par Mme Le Pen et Florian Philippot, mais reste beaucoup plus faible que ceux du PS et des Républicains. « Ce parti n’a qu’un leader à l'envergure nationale suffisante pour le représenter dans une telle émission, là où le PS ou Les Républicains partagent leur temps de parole en plusieurs voix », avait justifié dans L'Obs David Pujadas, présentateur vedette du rendez-vous politique de France 2.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif