Les attentats de Paris portent un coup dur aux magasins à l’approche des fêtes

 Les attentats de Paris portent un coup dur aux magasins à l’approche des fêtes

Les grands magasins parisiens et les enseignes de luxe restent désespérément déserts depuis le 13 novembre.


Des grands magasins au marché de Noël en passant par les enseignes de luxe, les commerces des quartiers touristiques de Paris voient fondre fréquentation et chiffre d'affaires avec le contre-choc des attentats. Les attaques du 13 novembre, qui ont fait 129 et plusieurs centaines de blessés dans les quartiers festifs de la capitale, ont porté un coup dur au commerce à l’approche des fêtes de fin d’année, cruciales pour leurs chiffres d’affaires.


 


Jusqu’à 90 % de baisse du chiffre d’affaires


« C'est désert », constate Marine au rayon cosmétique au rez-de-chaussée du Printemps, où la direction avance une baisse de la fréquentation de 30 % pour l'ensemble du magasin. La jeune femme brune se montre reconnaissante envers les clients et touristes « qui font l'effort de venir » : « Les gens sont plus avenants. Les marques sont compréhensives si nous n'atteignons pas nos objectifs journaliers ou hebdomadaires. »


À l'entrée, les vigiles font ouvrir les sacs, détecteurs de métaux à la main. Pour Marine, « on est une proie. Tout est surveillé. Il y a beaucoup de policiers en civil ». « Depuis les attentats, je fais 100 à 200 euros par jour, contre 2 000 en moyenne », calcule China, vendeuse pour une marque française d'accessoires de salle de bain dans les étages.


 


« La vie continue », vraiment ?


Jeudi matin, la secrétaire d'État à la Consommation, Martine Pinville, est passée en coup de vent marteler un message de base : « la vie continue ». « Les Chinois n'ont peur de rien ! », confirme un vendeur d'un célèbre tailleur italien.


Même si les illuminations de Noël ont été allumées jeudi soir, les spacieux magasins de l'avenue Montaigne restent vides. « À la différence des grands magasins, ce n'est pas lié à la sécurité. C'est une question d'état d'esprit. Les gens se disent que c'est indécent de faire du shopping après de tels événements », analyse Armelle à la caisse d'une maroquinerie de luxe.


Dans le bas des Champs-Élysées, les chalets du marché de Noël ont ouvert vendredi dernier, quelques heures avant les drames qui se sont joués à l’autre bout de la ville. « On a bien travaillé vendredi. Là c'est catastrophique. Même pas de quoi payer la location quotidienne du chalet (600 euros). On a l'impression que les gens n'ont pas envie d'acheter des choses superflues », soupire Marlène qui propose des moules à pâtisserie.


 


Des employés eux-mêmes sous le choc


Confrontés à la peur des clients, les salariés gèrent leur propre angoisse. « Depuis vendredi, je ne prends plus le métro », assure Francesca, vendeuse italienne de chaussures rue Saint-Honoré. Des cellules psychologiques ont été mises en place dans les grands magasins.


« Les manageurs nous demandent comment nous allons. Il y a beaucoup de bienveillance. Nous avons aussi des consignes de sécurité : si le rideau baisse, nous devons rester à l'intérieur, suivre les personnes qui ont un brassard », détaille la vendeuse des chapeaux aux Galeries.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif